mercredi, mars 29, 2006

"Tout vrai regard est un désir " Alfred de Musset

lundi, mars 27, 2006

NB : j'ai associé une "bande son" à chacune des notes !

Bruissements

Certaines nuits, le vent chuchote aux arbres d'insaisissables vérités qui fuient entre leurs feuilles. Celles-ci n'existent que le temps d'une résonnance, et meurent aussitôt dans l'obscurité. Cependant, elles ont eu le temps d'effleurer quelques esprits...


Bande son : une bourrasque de vent

...


Il y avait quelque chose de voilé dans son regard. Elle était ailleurs, et seulement une infime partie d'elle même était restée en surface pour assurer une connection avec l'extérieur. Même pour moi, elle ne pouvait se résoudre à émerger de son monde. J'étais avec elle mais j'avais l'impression qu'il était impossible de l'atteindre, et que comme la lune, je pourrai tendre mon bras pendant une éternité pour tenter de la saisir sans jamais y parvenir. Ellle avait un air si mélancolique. J'avais envie de prendre sa main et de la serrer. Elle avait l'air de flotter dans une douleur muette, pas violente, non, une douleur sourde, presque douce, mais une douleur qui se répand dans chaque pore...
Et nous roulions l'une à côté de l'autre sur nos vélos, en fin de journée, le ciel était à couper de souffle. D'un orange-doré éclatant, une beauté violente qui semblait s'interposer dans cette calme douleur qui flottait autour d'elle. Je regardai ce ciel qui semblait en flammes, et je la regardai elle rouler devant moi, et je sentais une boule gonfler, gonfler entre ma gorge et mes poumons, je ne savais pas pourquoi mais j'avais mal... sa souffrance se répandait aussi en moi, j'aurai aimé pouvoir l'appaiser sa douleur, l'éteindre comme on souffle sur une bougie. J'aurai voulu pouvoir dissiper cette tristesse qui l'habitait. J'aurai aimé que toutes les deux, on puisse s'évaporer dans cet horizon embrasé...

Bande son : piensa en mi (luz casal);
tango flammenco (paco de lucia)

samedi, mars 25, 2006

Zigzag


Turbulentes pensées, bruyantes, boucan silencieux à lui faire exploser la tête. Zigzaguent, divaguent, vadrouillent, vauriennes.
Au milieu d'un calme apres midi, l'air est plutôt doux, quelques oiseaux entonnent une mélodie qui se perd au delà des cimes.
Petit chemin de forêt, grand cheminement, elle arpente les recoins de ses souvenirs, puis ferme les yeux pour laisser le vent caresser ses paupieres et balayer son esprit.

Bande son : Ano natsu He (Joe Hisaishi)

mardi, mars 21, 2006

Etrange

Etrange son désir de posséder son environnement, étrange cette jalousie, étrange cette rage sourde qu'elle tente d'enfouir mais qui remonte sans cesse dans sa gorge... Tout cela lié à une image trop vacillante qu'elle a d'elle, et à ce désir de la rendre plus concrete, plus stable, plus à l'image de ce qu'elle voudrait... lié à cette impression de ne pas etre à la hauteur de ses aspirations, de ne pas avoir ce pouvoir qu'elle aimerait pouvoir exercer sur son monde... Etrange ce sentiment d'insécurité trop permanent, étrange ce désir récurrent de plaire, et aussi cet autre désir contradictoire de se distancer de tout cela, distance qui viendrait d'ailleurs d'abord d'une maîtrise de toutes ces choses qui semblent prendre un malin plaisir à tourner en rond dans sa tête.... Etrange cette façon qu'elle a de se monter la tête pour les moindres petits détails, étrange ce cinéma interieur grotesque... Etrange cette souffrance qui se développe en elle et qu'elle refoule, étrange ce douloureux sentiment de transparence, étrange cette détresse, étrange, étrange, étrange...

Bande son : Creep, Radiohead

dimanche, mars 19, 2006

Talijanska


Une musique d'accordéon, un manège aux créatures capricieuses tournant en rond d'un air borné : une fete foraine, des rires d'enfants, des barbes à papa, des grandes roues.
Le temps s'assombrit, les nuages se font menaçant, l'orage éclate : tout d'un coup le parc est vide, mais le manège continue à tourner de plus en plus vite, et la petite musique d'accordéon se fait de plus en plus intense. Seule une enfant est restée dans le parc, et regarde d'un air effaré autour d'elle le manège prendre vie. Les caleches, les chevaux, les licornes : toutes ces créatures sortent du manege pour défiler fierement sous les coups de foudre et se mettre à danser. La petite fille se recroqueville dans un coin pour ne pas etre vue, tous les objets inanimés du parc s'agitent désormais et sème une pagaille complete.
Au loin, une silhouette sombre asssiste à tout cela en jouant de l'accordéon. De grosses larmes roulent sur ses joues, pendant qu'en meme temps elle éclate de rire. Son rire devient de plus en plus fort et envahit tout l'espace, et en même temps tout semble s'intensifier, la lumiere, la musique, l'orage, les dimensions, et toutes les formes se tordent, grossissent à une vitesse incroyable, jusqu'à ce qu'une sorte d'implosion se produise. La seconde d'après, tout est redevenu normal, les gens, le manege, le temps, comme si rien ne s'était passé. Mais une petite fille manque.


Bande son : Talijanska, Goran Bregovic

jeudi, mars 16, 2006

Une valse à mille temps


Ne pas vivre dans l'urgence. Cesser de courrir partout. Prendre le temps.
De vivre. De regarder autour de soi. D'observer les détails insignifiants. D'extraire la saveur de n'importe quel instant. De lire entre les lignes. D'apprécier la petite dose de poésie contenue dans des moments quotidiens. D'écouter un air de musique, les yeux perdus dans le vague. De savourer un moelleux au chocolat. De regarder les nuages. De fredonner. De lire, d'écrire, de rêver surtout. De se perdre dans les rêves les plus loufoques...
Prendre le temps de réinventer la réalité. Dilater son temps, le rendre plus intense. Chatouillez le temps pour qu'il se torde de rire. Ne laisser personne quadriller, emprisonner son temps. Sortir la tête de cet étau dans lequel on veut vous faire suffoquer. Prendre la vie légèrement malgré le stress qu'on veut vous inculquer, ne pas céder à la panique, ni à la gravité, surtout pas de sérieux je vous prie ! Gorger ses poumons d'une douce ironie, garder toujours un sourire au coin des levres et continuer à avancer, non pas tout droit, mais en sautillant, zigzagant, en dansant une drôle de valse avec soi-même...

"Le temps perdu c'est le temps pendant lequel on est à la merci des autres" Boris Vian

Bande son : I don't care (Shivaree)
Une valse à mille temps (Jacques Brel)

Bande son : I don't care (Shivaree)
Une valse à mille temps (Jacques Brel)

Ce temps qui coule...

Je veux une vie sans sens
Enchaîner les syllabes
Jusqu'au bout du couloir

Je veux une vie sans mots
Coudre toutes tes phrases
Tout autour de mes hanches


Je veux une vie sans vie
Aspirer le néant
De ton regard aride


Je veux une vie sans toi
Fuir ce temps qui coule
Tout le long de ta joue


Je veux une vie sans cris
M'éloigner de cette foule
Pour sombrer dans la nuit


Je veux une vie sans court
Pour figer chaque instant
Chaque bribe de rêve

dimanche, mars 12, 2006

Libertad


Regardez la, cette femme, déambuler dans les chaudes rues de Barcelone, à contre courant. L'air est chaud, presque arride, mais quelques rares brises viennent s'immiscer dans sa chevelure et faire virevolter ses boucles. Nous sommes en fin juin, le début des vacances se fait sentir : les rues sont de plus en plus encombrées, les touristes émergent et commencent à envahir la ville, en couple, entre amis, en famille. La femme est seule. Elle porte une longue robe légère et foncée qui, vaporeuse, laisse entrevoir sa fine silhouette. Elle a chaussé des lunettes de soleil qui semblent constituer une barriere entre elle et le monde extérieur. Les formes, couleurs, lumières et mêmes sons lui parvenant s'en trouve modifiés, révélés sous un autre jour plus sombre, plus personnel et plus pénétrant.
Sensuelle et sauvage, elle semble déambuler envers et contre tous, portée par un sentiment d'absolu. Noyée dans la foule elle s'en détache pourtant, tel un électron libre, et sa démarche chaloupante paraît guidée par un air de guitarre espagnole. Elle est si loin de chez elle, de son pays, de ses proches, de sa vie, loin d'elle même. Libre et dépouillée. Et si légère...
Elle marche comme si la page était blanche, le passé vide, comme si rien n'avait jamais existé d'autre que l'instant présent, et cette incroyable énergie qui lui vient des entrailles la porte, loin, loin de tous, vers un horizon incandescent.



Bande son : Rio Ancho, Entre dos aguas (Paco de Lucia)

mercredi, mars 08, 2006

Envoûtements jazzesques

Le jazz, musique pour calmer mon âme, musique grâce à laquelle mon esprit réussit à oublier quelques instants les contraintes du monde extérieur pour s'évader très loin : dans un monde esquissé par les échos des basses et des saxos, dans une dimension secrète pleines de consonnances, de vibrations, d'oscillations qui s'unissent pour inonder ma conscience et la noyer dans une forée d'ondes...
Le son grave émanant des entrailles de la contrebasse, la mélodie pénétrante du saxophone, les répliques des percussions, les divagations de la trompette, les tirades ennivrantes du piano... tous s'accordent pour venir me cueillir comme une fleur et distiller mes émotions, pétale après pétale, jusqu'à me dépouiller complètement de toute préoccupation et me perdre dans un ailleurs indiscible...

Bande son : It never entered my mind (Coleman Hawkins feat. Ben Webster)

Je fond

Tout contre toi

Ma tête dans ton épaule
Bercée au rythme de cette musique
Douce et éphémère
Qui s'envolle dans les airs
Pour rejoindre les volutes de fumée...

Je m'abandonne et ferme les yeux,
Emportée par une mélodie
Qui tourne, tourne autour de nous
Nous enveloppe et nous soulève...
Je ne sens plus rien d'autre,
Le temps s'est arrêté
La foule continue à bourdonner
Vague, lointaine, incertaine
Plongée dans l'ambiance craquelée
Qui se dessine autour de nous

La musique envahit l'air
Absorbe notre univers
Nous entraine dans une longue spirale
Où l'on peut caresser l'eternité
Et nous sommes là,
Possesseurs de ce moment figé,
De cette oscillation indiscible

Nos respiration ne sont plus qu'une
Ma joue contre ta joue
Se laisse charmer
Tes doigts dans mes phallanges
Caresse du crépuscule
Dans la lumière lointaine

samedi, mars 04, 2006

Rencontres furtives

Tant de personnes, tant de lieux qui se recoupent... Chaque matin, une marée humaine s'engouffre dans les bouches du métro et se réunit cérémonieusement le temps de quelques stations. Quoique "réunion" n'est sans doute pas un terme approprié, car à y regarder de plus près, les particules élémentaires de ce flot abondant sont parfaitement indifférentes les unes aux autres. Tout le monde est extrèmement concentré à s'ignorer, et s'adonne à cette activité de façon religieuse. Certains s'aident d'accessoires, de petits gadgets de pro : mots croisés, journal, baladeur, roman arlequin... ou bien les autres, dépouillés, ont leur regard perdus dans les reflets des sombres fenêtres où l'on voit défiler le sous sol parisien. Et l'on peut presque voir une nébuleuse de pensées s'élever et tournoyer autour d'eux, jolies carapaces volatiles...
Cependant, en cherchant bien, on arrive à déceler quelques traitres, blasphémateurs qui tentent de briser ce cérémonial. Et des accidents se produisent... regards qui s'entrecroisent, visages s'illuminant quelques secondes, genous qui se frôlent, sourires échangés avec connivence... c'est la relative rareté et le caractère éphémère de ces évènements qui les rend précieux à mes yeux, comme si ils reflètaient le caractère si court et fragile de notre vie...



Bande son : Such great heights (The Postal Service)

vendredi, mars 03, 2006

Just an illusion...


Des images, toujours des images, une constellation d'images de toutes les couleurs... dont elle nourrit son quotidien, les yeux des autres et surtout ses propres yeux, si avides de ces représentations dans lesquelles elle met tant de volonté à se projeter, yeux fermés, poings serrés. De toutes ses forces elle essaie de se convaincre qu'elle est bien ce personnage, qui gesticule dans la drôle de pièce qui se joue dans son imagination... Quand cessera-t-elle d'agir pour correspondre à telle ou telle icône ancrée dans son esprit ? Tous ces petits airs qu'elle se donne, cette gestuelle, cette allure, ces paroles, mimiques, détails soigneusement choisis qu'elle tente de s'approprier et d'assembler bribe par bribe, les uns à la suite des autres, pour édifier maladroitement un reflet dans lequel elle tente de se reconnaître, par lequel elle espere desespérément briller...

Bande son : Girl, You'll Be A Woman Soon (Leonard Cohen)

Le mot du début ?

Je n'ai jamais aimé ni les introductions, ni les conclusions, je vais donc m'en passer si vous le voulez bien...



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