samedi, octobre 21, 2006

And god said "oh my god" what's happen to the human being wake up wake up crowd wake up from your boring dream coz it's unza unza unza unza unza time


Le crépitement du feu que j'allume et le doux chuintement de la bouilloire. Il est 6h. J'aime ces petites choses du matin, que normalement je ne prends pas le temps d'apprécier, car le mat
in, je n'ai jamais le temps. Je me lève toujours à la dernière minute. Mais là je ne viens pas de me lever, au contraire je m'apprête à commencer ma nuit. Et je prends le temps de savourer enfin un petit déjeuner, avant. Entendre l'eau chauffer, couper la brioche, la tartiner de beurre et de nutella... J'aimerai aussi me baigner dans l'odeur du café si propre au matin, seulement voilà, je préfère le thé. Au jasmin.

En tout cas pour une fois j'ai le temps de savourer chaque petit détail. Comme je suis dans l'état bizarre dans lequel seule une nuit blanche met, j'ai l'impression de percevoir différemment les choses, un peu comme si les sons, les couleurs, toute l'atmosphere m'apparaissait légèrement déformée et amplifiée, que tout avait un éclat, un écho différent... j'ai l'impression de flotter, et que le moindre bruit, comme celui de mes chaussures sur le carrelage, ou de cette tasse que je pose, résonne pendant longtemps autour de moi...
C'est agréable, après avoir erré des heures dehors, ballotée par le vent, d'être au chaud et au calme. Ce calme qui précède le réveil imminent des autres personnes. Cette ambiance veloutée, comme plongée dans du coton ouatée... Dehors, la pluie commence à tomber pour chasser le silence, dans la nuit qui n'est plus là pour très longtemps.

La soirée a bien commencé hier. Assez étrangement en fait. J'ai rejoint des amies à la gare de RER où nous avons été témoins d'un spectacle un peu surréaliste : les guichetiers de la Ratp pris d'une folie exaltante, en train de péter complètement les plombs ! J'ai commencé par en voir un sautiller sur place. Et puis là ils se sont tous mis à sauter, à danser, à se courir après. On les voit faire pleins d'aller et retours en faisant des grands gestes, l'un une radio sous le bras, l'autre une chaise à la main... Puis ils se mettent à lancer des chaises... Leur étrange petit spectacle nous fait tellement rire que nous manquons de rater notre train.

La soirée se continue par une promenade dans Montmartre, et quelques discussions devant la vue panoramique de Paris que l'on a de la butte, mélangées à tous les touristes. Plus tard dans la nuit, je me retrouve avec une amie dans une soirée tzigane organisée dans une petite salle de concert. La musique passée au début n'est pas des mieux (allez savoir pourquoi tous les meilleures morceaux sont toujours à la fin des soirées et pas tout le long), alors on s'amuse à observer les gens, il faut dire qu'on a un panel assez large car la salle est assez petite mais bondée. C'est drôle, on peut toujours observer quelques figures atypiques. Ce soir, on repère un garçon étrange qui erre dans la boîte et que l'on surnomme vite "l'âme en perdition". C'est un type qui a l'air assez bizzare, completement décalé avec l'ambiance festive du lieu en fait. Il est seul, porte un bonnet sur ses cheveux mi longs et a un sac à dos dont il tient toujours les anses, il a l'air sombre, blasé ou désabusé je ne sais pas et il déambule, où que l'on aille on n'arrete pas de le voir aller et venir avec sa démarche nonchalante, s'adosser au mur quelques secondes, puis retraverser la salle... il a l'air de chercher quelqu'un.
Il y a aussi cette fille complètement désinhibée à la robe moulante et au décolleté plongeant qui monte sur la scène et prend toutes sortes de postures lassives, se mettant à quatre pattes, renversant sa tête en arrière, faisant la chandelle... Deux extrêmes.

On monte ensuite à l'étage pour surplomber toute la salle accoudées à la ballustrade. Cela nous fait penser à une scène de Mulholland drive. On s'imagine un instant être cette femme au cheveux bleus qui clame "Silencio !" à la fin du film, et que là toutes les lumières s'éteignent, que la musique stoppe et que tout d'un coup il n'y ait plus personne....

C'est assez étrange comme spectacle d'en haut de voir tous ces gens danser, sauter en rythme, tournoiller, s'embrasser... avec du recul ça parait même completement absurde. On s'amuse à imaginer qu'ils sont tous complètement fous, et c'est à la fois amusant et effrayant. On se sent soudain décalées, étrangères à toute cette agitation, tout nous paraît sans queue ni tête...
Pourtant plus tard moi aussi je suis descendue, j'ai dansé, j'ai sauté, j'ai tournoillé, j'ai embrassé... je me suis laissée emportée par le tourbillon de cette musique festive, pleine de fanfare et d'energie, cette musique assourdissante et jubilatoire...

Une fois sorties, on déambule dans les vastes boulevards de la nuit parisienne, à la recherche d'un noctilien qui pourrait nous rapprocher de chez nous. J'ai mal aux pieds, je me sens sale et je pue la cigarette. Mais ça fait parti du charme de la ballade... on se retrouve à un arret, en face de cette grande gare, on a froid, on a faim. On rentre dans la gare mais bien sur rien n'est ouvert et il ne fait pas beaucoup plus chaud à l'intérieur. Mais là on voit tous ces petits groupes de personnes qui attendent avec leur valise un train qui partira bientot, au lever du jour. L'atmosphère des départs, ce que ça donne envie..! Envie de prendre un train au hasard, de se laisser porter vers une direction inconnue où tout est étranger, une ville où tout est encore à découvrir... Se laisser envahir par un sentiment de dépaysement...
Mais bien sur, je n'en ai rien fait... et maintenant me voilà chez moi, à écouter Django Reinhardt en mangeant mollement une tartine, plongée dans mes pensées et dans mon état étrange, fixant intensément un point dehors où tout est encore sombre malgré les prémices du jours qui se font sentir... je vais bientot quitter cet univers de rêves pour sombrer dans un autre...


Bande son : Unza unza time, Emir Kusturica and the no smoking orchestra
Les yeux noirs, Django Reinhardt

mercredi, octobre 18, 2006

A beautiful stranger

Le regard de cet inconnu à l'arrêt du bus. Nos yeux qui se croisent et se décroisent. Dans le bus, nos mains fermemant accrochées à la barre métallique. Qui se rapprochent, de plus en plus. Frôlement. Contact léger, intense. Nos yeux qui se cherchent et qui se fuient. Cette sensation de chaleur. Instant perdu qui sème le temps et la réalité.
Il m'a glissé "à bientot" avant de fuir.
Et déjà, il est loin... cet instant.

lundi, octobre 09, 2006

Tôt dans l'après-midi, la pluie frappe aux carreaux. Son corps, d'une nudité ambrée, est étendu au sol et repose, incertain. La vitre poussièreuse filtre le faible rayonnement des nuages gris, qui dessinent au passage quelques formes singulieres sur son dos. Ses paupières irisées tressautent, et le souffle de ses lèvres laisse une buée sur la vitre. Ses songes s'amoncellent dans la vapeur de la pièce. Rêves vagues, étranges, inquiétants, doux, absurdes, farfelus...
Une bouilloire siffle, à côté, mais elle préfère ignorer, encore quelque temps, le sursaut de la réalité. Rester dans cet état trouble, flotter dans cet univers étrange, ce non lieu où elle ne sait plus qui elle est, où elle est, ce qu'elle doit faire, mais ici elle n'a plus besoin de le savoir, ici elle n'a plus besoin de but. Dans les rêves cette incertitude permanente cesse d'être asphyxiante.

mercredi, octobre 04, 2006

Bad mood

Des fois je me demande ce que je fous là. Je regarde autour de moi dans cet grand amphi et je vois toutes ces personnes, bien habillées bien coiffées pas un pli de travers ou une meche sauvage, pas trop d'extravagance s'il vous plait sauf si c'est pour être fashion. L'air sérieux, sûr d'eux, heureux de leur petite vie. Et mortellement ennuyeux. Un ensemble bien fade.
Je me reproche aussitôt ces pensées mesquines, d'où puis-je me permettre de les juger alors que je ne les connais pas, que je ne sais presque rien d'eux, juste en les observant quelques minutes ? Pourtant je ne parvient pas à dissiper cette certitude que plus des 3/4 des gens autour de moi sont une bande de crétins... cela dit je suis particulièrement de mauvaise humeur aujourd'hui.
Où sont donc les passionés, les saltimbanques, les rêveurs, les idéalistes...? Cachés sans doute.


Je ne me sens pas à ma place. Non pas que je me revendique moi même interessante ou d'une grande originalité, mais en tout cas je ne suis pas dans un environement où j'arrive à me sentir bien. Et est ce que ça vaut la peine, de trimer autant, pendant toutes ces années, et si bien entourée..?

Mais qu'est ce que je ferais, sinon ?

Je n'ai jamais su. Ce que je devais faire, ce que je voulais faire. Je n'ai jamais su faire de choix, c'est bien trop vertigineux. Eternelle indécise.
Et puis je suis bien trop idéaliste, aussi. Mais mon idéal doit être si haut que je n'arrive même pas à bien le distinguer.
Certains jours quand je finis par me desespérer de tout et par détester tout le monde (ou presque). Je me sens devenir comme un personnage dans ce film que j'ai vu récemment (et que je vous conseille d'ailleurs, à la fois drôle, sarcastique et doux) , Dwayne dans little miss sunshine. Peut être que je vais faire voeu de silence moi aussi, et marquer sur un bout de papier pour qui viendra m'embêter "i hate everyone".


Cela dit, hier en rentrant du cinéma, j'ai fait une rencontre interessante. J'ai croisé deux de mes voisins que je ne vois pas souvent. L'une, qui habite à dix mètres de chez moi, chanteuse polyphonique russe à la chevelure flamboyante, racontait qu'elle hébergeait en ce moment son ex qui s'était suite à leur rupture retiré quatre ans en Birmanie et était devenu moine. "J'étais avant persuadée qu'il était l'homme de ma vie, mais qu'il ne lui manquait qu'un peu de spiritualité, je ne lui en demandais pas tant !"
Rapidement, notre discussion s'oriente sur la folie. A, mon voisin sculpteur, raconte le stage infirmier qu'il a fait il y a longtemps dans un hôpital psychiatrique et ses rencontres improbables avec un homme qui broutait 1m2 de gazon tous les jours, une femme qui se prenait pour une étoile, et les peintures incroyables des enfants...
La chanteuse aussi a elle aussi déjà travaillé avec des malades mentaux ou des fous, et elle dit que c'est trop dur d'ailleurs car elle est trop perméable, elle les comprend trop bien.
Un jour, l'un d'eux lui a dit " Madame, vous ne trouvez pas que cette normalité là, c'est de la folie ?!"



"Difficile de savoir pourquoi, mais quand on les regarde mieux, les êtres humains et les choses vous apparaissent mesquins, laids et souvent d'une ambiguïté absurde." George Grosz



View My Stats