samedi, avril 22, 2006

Sunburn



Le soleil brûlant
Coule entre tes doigts
Goutte à goutte de sang
Sur le carrelage froid


mercredi, avril 19, 2006

Enfantillages


Une poupée démembrée
Dans ton ventre frétille
Et s'amuse, maligne
Les parois à racler

Une larme isolée
Coule sur son fard
Et s'enfuit, trop tard
Sur ton sang caillé

mardi, avril 18, 2006

Ghosts in the smoke

On les porte à nos lèvres. Doucement, elles se consument, nous montent au cerveau, nous font tourner la tête et vibrer le temps d'une note, laissant s'échapper de jolies volutes de fumée qui dansent quelques instants dans les airs. Mais bientot, elles ne sont plus qu'un tas de cendres. Toutes nos relations sont elles destinées à se finir ainsi, en cendres, à l'image d'un mégôt jeté dans une flaque d'eau salie ? Le temps d'une danse dans l'atmosphere, et puis tout s'évapore et disparait, tout est si vite oublié. Chacun reprend sa vie, telle qu'elle était ou une autre vie peut être, avec d'autres personnes, de nouveaux interets, et on change, oublie l'autre, il a cessé d'exister pour nous. Toutes ces petites morts... étrange cependant, vertigineux même de penser que l'autre continue d'exister, qu'il est en train de vivre lui aussi en parallele, qu'à ce moment surement il doit effectuer des activités banales comme tant d'etres humains à la même seconde... comment peut on se perdre ainsi, comment tant de gens parviennent ils à se gommer les uns les autres si facilement sans être plus ébranlés?

Ceci ne valant pas seulement pour les relations amoureuses, mais aussi pour ces relations d'amitié qui ont compté mais ont fini par s'éroder, se distancer puis cesser... tous ces liens rompus, perdus, qu'on ne retrouvera sans doute pas, en tout cas jamais comme ils étaient et pourtant qui vivent toujours dans notre souvenir, ancrés en nous... les étoiles ne sont jamais completement éteintes...

samedi, avril 08, 2006

Rain and tears


Le front appuyé contre un carreau, Isis ferme les yeux sur la pluie qui tombe depuis plusieurs heures, noyant son univers. Tandis que cette pluie esquisse sur la vitre les barreaux d'une prison, elle se rappelle ses bras fermes qui l'enfermèrent contre lui. Qui l'enfermèrent dans leur histoire...
Un flacon ouvert sur la table de nuit disperse une odeur d'ironie dans la pièce et vient lui enivrer l'esprit. Les paupières closes, elle revoit son regard velouté. Elle peut sentir ses doigts brûlants courir sur sa peau...
Un téléphone sonne, dans l'immeuble. Des fleurs se fanent. Des gens vivent, se disputent, dorment, rêvent, font l'amour. Sa vie à elle, est en suspension depuis que cette douleur hallucinogène l'habite.


Elle sort sur le balcon, et allume une cigarette, pour dissoudre ce poids sous forme de fumée. Celle-ci est presque aussitôt éteinte par l’averse. Isis reste immobile, la cigarette froide et imbibée de pluie entre ses lèvres. Son débardeur trempé lui colle à la peau comme un souvenir. Ses cheveux noirs jaie sont plaqués contre ses tempes, et ses yeux brillants s'égarent dans le silence de la ville... Elle murmure son nom, qui se consolide et s'envole au dessus des toits. Des larmes viennent lui brouiller les yeux. Brûlantes, elles roulent sur ses joues froides et se mélangent à l’eau de la pluie pour tomber en grosses gouttes sur le ciment. Isis les écrase de ses pieds nus. Les jambes nues, elle tremble très fort et se sent devenir liquide à son tour, fondre, couler sur le balcon, le long du mur, dans la rue, jusqu’à son appartement. Elle continue de couler, se glissant à l‘intérieur, sur son carrelage, dans son lit, dans son sommeil, s'introduisant en lui, dans sa gorge, l’étouffant, le noyant. Elle se sent à son tour mourir en lui, se mélangeant, s’introduisant dans chacune de ses cellules, leurs atomes à tous deux se confondant dans une soupe épaisse.

Isis revient à elle. Elle ne sent plus ses pieds ni ses mains. Réunissant ses forces, elle parvient péniblement à bouger. Puis, comme guidée par une énergie extérieure, elle rentre dans l’appartement, enlève ses vêtements, se glisse dans la cabine de la douche. Elle fait couler de l’eau chaude sur son corps, mais ne sent rien. Elle reste longtemps immobile, fixant une fissure sur le carrelage. Peu à peu, les sensations reviennent, et la douce moiteur de l’eau l’enrobe et l’endort. Elle se perd alors dans le brouillard de ses pensées, erre dans un songe éveillé, tel un fantôme traînant des chaînes de larmes et de poussière. Quand elle reprend ses esprits, la pièce est envahie par la vapeur. La vitre de la douche, les murs, les miroirs sont troubles comme son rêve. Elle sort et avance dans cette pièce de fumée, laissant gravée sur le carrelage la trace de ses pas. Elle s’évapore alors, et flotte dans cette petite salle de bain au milieu de la vapeur d’eau. Gaz pris au piège entre ces quatre murs, condamné à se condenser lentement dans le lavabo puis à être emporté par des tuyaux jusqu’au fin fond de la terre, enseveli à jamais.


Il est trois heures du matin. Isis, assise sur son lit avec une serviette sur le dos, contemple la ville qui semble avoir été absorbée par la nuit. Elle distingue une silhouette accoudée à un lampadaire qui diffuse une faible lumière dans le boulevard. Par moment des voitures passent, donnant l’impression de survoler la rue. Elles balaient furtivement de leurs phares les murs de la chambre et leur gémissement s’éteint presque aussitôt dans la profondeur de la nuit.

Soudain la ville semble se dédoubler, les lumières dansent sous ses yeux une valse endiablée, tous les petits bruits de la nuit viennent se confondre en une longue plainte lancinante. Isis presse ses mains contre ses oreilles, fort, fort mais le bruit s’intensifie, elle ferme les yeux de toute ses forces mais les lumières deviennent aveuglantes, tout se combine pour exercer sur elle une pression indescriptible, la compresser jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’une petite boule de particules très denses, qui tombe du lit et roule sur le sol, de plus en plus vite, jusqu’à se heurter violemment au mur et exploser, projetant des débris de rêves dans toute la pièce, lesquels atterrissent sur les murs et dégoulinent lentement tandis que l’aube surgit.

janvier 2005

jeudi, avril 06, 2006

"Le déclic d'un diaphragme rend n'importe quel moment de la vie tendre, triste et innocent, parce qu'à cet instant le futur reste inconnu, qu'il ne nous a pas encore blessé et qu'en cet bref instant de pose nous passons pour sincères."
Douglas Coupland, Générations X

samedi, avril 01, 2006

Errances nocturnes


Cela fait un certain temps que je déambule dans les vastes boulevards de la nuit parisienne. Je marche au hasard, le visage au vent, sans penser à la direction que je prends, sans autre objectif que celui de m'oublier et de me perdre. Mes yeux s'égarent dans les feux, panneaux, enseignes lumineuses, immeubles que je vois flous, silhouettes fuyantes, véhicules vrombissants...
Ces immenses avenues, bordées d'édifices menaçants, semblent à la fois calmes et agitées, tout y est furtif, et il y règne un sorte de vertige qui peu à peu me gagne et me fait tourner la tête. J'ai l'impression de me dématérialiser, et je me laisse flotter au dessus du trottoir, pour n'être plus qu'un spectre errant dans une ville fantôme, comme si elle n'était pas déjà assez hantée...
Petit poucet rêveur, je vide mon esprit au fil de mon vagabondage. Bribe par bribe je sème mes pensées tourmentées le long des avenues, les dépose sur les rebords des fenêtres, les abandonne sur les bancs, les plaque brutalement contre les vitrines, les jette dans les égoûts...
Plus légère, j'ai ensuite l'impression de progresser plus vite, et la ville qui défile sous mes yeux sans pudeur me dévoile ses aspects sombres et ambigus, et me chuchotte quelques paroles inaudibles...
Un sentiment d'égarement, de dépaysement grandit en moi, et je ne suis même plus sure de l'endroit où je me trouve. Les dimensions d'espace et de temps viennent se mélanger pour n'être plus qu'un mélo incompréhensible, et tout d'un coup je me sens propulsée hors du temps, j'ai l'impression que cette errance dure depuis toujours et se poursuivra sans fin. Paradoxalement, je me sens en même temps submergée par le sentiment que rien n'est plus éphèmère que cet instant, et même si il n'est pas terminé j'ai l'impression qu'il s'éloigne déjà de moi à toute vitesse, comme ces sirènes qui retentissent au loin...

Bande son : Kraked unit, La balade de neus


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