mercredi, octobre 04, 2006

Bad mood

Des fois je me demande ce que je fous là. Je regarde autour de moi dans cet grand amphi et je vois toutes ces personnes, bien habillées bien coiffées pas un pli de travers ou une meche sauvage, pas trop d'extravagance s'il vous plait sauf si c'est pour être fashion. L'air sérieux, sûr d'eux, heureux de leur petite vie. Et mortellement ennuyeux. Un ensemble bien fade.
Je me reproche aussitôt ces pensées mesquines, d'où puis-je me permettre de les juger alors que je ne les connais pas, que je ne sais presque rien d'eux, juste en les observant quelques minutes ? Pourtant je ne parvient pas à dissiper cette certitude que plus des 3/4 des gens autour de moi sont une bande de crétins... cela dit je suis particulièrement de mauvaise humeur aujourd'hui.
Où sont donc les passionés, les saltimbanques, les rêveurs, les idéalistes...? Cachés sans doute.


Je ne me sens pas à ma place. Non pas que je me revendique moi même interessante ou d'une grande originalité, mais en tout cas je ne suis pas dans un environement où j'arrive à me sentir bien. Et est ce que ça vaut la peine, de trimer autant, pendant toutes ces années, et si bien entourée..?

Mais qu'est ce que je ferais, sinon ?

Je n'ai jamais su. Ce que je devais faire, ce que je voulais faire. Je n'ai jamais su faire de choix, c'est bien trop vertigineux. Eternelle indécise.
Et puis je suis bien trop idéaliste, aussi. Mais mon idéal doit être si haut que je n'arrive même pas à bien le distinguer.
Certains jours quand je finis par me desespérer de tout et par détester tout le monde (ou presque). Je me sens devenir comme un personnage dans ce film que j'ai vu récemment (et que je vous conseille d'ailleurs, à la fois drôle, sarcastique et doux) , Dwayne dans little miss sunshine. Peut être que je vais faire voeu de silence moi aussi, et marquer sur un bout de papier pour qui viendra m'embêter "i hate everyone".


Cela dit, hier en rentrant du cinéma, j'ai fait une rencontre interessante. J'ai croisé deux de mes voisins que je ne vois pas souvent. L'une, qui habite à dix mètres de chez moi, chanteuse polyphonique russe à la chevelure flamboyante, racontait qu'elle hébergeait en ce moment son ex qui s'était suite à leur rupture retiré quatre ans en Birmanie et était devenu moine. "J'étais avant persuadée qu'il était l'homme de ma vie, mais qu'il ne lui manquait qu'un peu de spiritualité, je ne lui en demandais pas tant !"
Rapidement, notre discussion s'oriente sur la folie. A, mon voisin sculpteur, raconte le stage infirmier qu'il a fait il y a longtemps dans un hôpital psychiatrique et ses rencontres improbables avec un homme qui broutait 1m2 de gazon tous les jours, une femme qui se prenait pour une étoile, et les peintures incroyables des enfants...
La chanteuse aussi a elle aussi déjà travaillé avec des malades mentaux ou des fous, et elle dit que c'est trop dur d'ailleurs car elle est trop perméable, elle les comprend trop bien.
Un jour, l'un d'eux lui a dit " Madame, vous ne trouvez pas que cette normalité là, c'est de la folie ?!"



"Difficile de savoir pourquoi, mais quand on les regarde mieux, les êtres humains et les choses vous apparaissent mesquins, laids et souvent d'une ambiguïté absurde." George Grosz


5 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Dreamstock, je crois que tu as vu juste: 3/4 des gens sont effectivement cons et fatalement tu retrouves cette proportion dans un amphi.
Pour ce qui est de ta place et de ton choix, continue pour voir si tu te sens bien ou pas, mais dans tout les cas RIEN n'est figé! tu peux tres bien te reorienter vers une autre voie plus tard. Une qui te correspondrait plus.
biz

4:37 PM  
Blogger Broutille said...

Merci, merci d'etre toujours là.
(3/4 je crois meme que c'est optimiste parfois...)
Je sais que rien n'est figé mais je ne peux m'empecher de me sentir pétrifiée parfois... et puis comme je le disais, je ne sais quoi faire d'autre, j'ai trop de mal à faire des choix et à distinguer ce que je veux vraiment... mais c'est toujours assez rassurant de le rappeler, que rien n'est figé ! merci. Je t'embrasse

2:57 AM  
Anonymous Anonyme said...

Comme le disait un personnage de Ghost world (celui interprété au ciné par Steve Buscemi): "L'humanité est constituée à 99% de cons", bon là c'est un peu pessimiste quand même, mais c'est une phrase qui m'est souvent venue à l'esprit malgré tout. Il est vrai que parfois, il faut quand même aller au delà de l'apparence, mais les suprises restent rares. Quant à la normalité, je pense que c'est un concept creux, on ne sait pas la définir vraiment, et je vois plutôt les gens comme se plaçant à un degré différent de folie. Les personnes qui m'apparaissent comme parfaitement "normales" se sont toujours révélées un peu cinglées d'une manière ou d'une autre. Néanmoins, comme le premier commentaire, peut-être que dans une autre section tu trouverais davantage de personnes qui te ressemblent ou simplement qui t'intéressent. Quand on évite de faire des choix, tôt ou tard on finit quelque part malgré tout (je suis bien placée pour le savoir, mon précédent pseudo n'était pas "indécise" pour rien), même si ça met parfois longtemps, les chemins finissent par se dessiner de manière de plus en plus tangible, ne serait-ce qu'en sachant ce que tu ne veux pas (c'est parfois plus facile à déterminer que de savoir ce qu'on veut vraiment). Tu as encore le temps de choisir un autre croisement ou de faire demi-tour... En lisant ta note, j'ai vraiment l'étrange impression de relire ce que j'écrivais il y a quelques années (et même sur "l'indécise" d'ailleurs).

1:34 PM  
Blogger L'Anonyme de Chateau Rouge said...

c'est assez rigolo, en regle général, tout le monde pense que la plupart des gens sont des sales cons.
Finalement le constat de Ghost World est plutot optimiste.
Si on y réfléchit bien vu que tout le monde pense que la plupart des gens sont cons et ininteressant. Alors il y a sur terre 100% de connards.
Ecouter Johnny Cash, regarder Docteur Folamour, boire un Jack Daniels et mourir.

Ps: que tu t'interdises de prononcer un mot durant 9 mois serait pour moi une veritable torture...

6:36 PM  
Blogger Broutille said...

Oui, c'est vrai que la normalité est un concept creux, ça peut etre une maniere facile (et réductrice) d'évoquer des comportements/styles de vie majoritaires, rien d'absolu et de définissable. D'ailleurs je ne voulais pas dire que je la considérais comme une absence de folie, disons plutot un autre genre !
Comme tu l'évoque, la folie cachée sous un glaçage de "normalité", ça me fait penser à Desperate housewives, ça doit expliquer le grand succes de cette série, tout ce qu'une apparente banalité peut cacher de tordu et de complexe...

Sinon, oui je sais que je peux changer, faire demi tour, mais je ne sais pas si je m'en sens capable. Cela dit, je n'ai pas dit que ce que je faisais ne me plais pas ça m'interesse beaucoup mais je me demande surtout si ça me plais suffisemment, si ça vaut le coup,si ça ne me fait pas renoncer à trop de choses, et si je peux arriver à supporter le milieu dans lequel je suis...
Oui j'aime beaucoup ton ancien blog "indecise" justement je me reconnais bien dans cette période là de ta vie, d'ailleurs je persiste à le mettre en lien alors qu'il est terminé ! (merci d'ailleurs de le laisser ouvert même s'il est fini c'est trop frustrant les blogs terminés sur lesquels on ne peux plus aller !)

6:54 PM  

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