mercredi, novembre 14, 2007

Ecriture automatique ou clair obscur - ceci n'est qu'un empilement

Et si ce soir je laissais courir les mots ?
La fumée bleue aspirée par les néons, un reflet flouté derrière toi dans le miroir, l'ombre d'un sourire chassé par une inquiétude. Un verre qui scintille, vacille et se brise sur le carrelage brillant, les petits éclats qui s'enfoncent dans la plante de mes pieds pour y graver des signes, ma lèvre qui frémit sous les morsures muettes, mes cheveux dans les yeux pour ne pas voir ta main crispée dans le vide. Le vide qui déborde de nous, nos contours qui dégoulinent et qui s'affaissent, un rire qui s'élève jusqu'au plafond, se condense et disparait dans le conduit. Une lumière rouge qui danse, insaisissable, j'essaie de l'attraper et devient folle. Un son de piano qui sort du lavabo comme un gargouillement, dans la tuyauterie se débat et tourbillone, et puis le jet d'eau froide sur la nuque dissipe le reste du monde et tranchant s'enfonce dans la chair souple, creusant un sillon, qui zizague jusqu'à toi.

free music

vendredi, août 31, 2007

Immersion

Je suis dans un état de flottement incohérent, où je ne fais qu'amorcer des ombres de gestes absurdes. Je me laisse promener dans des vas et viens sans but, en sirotant un thé refroidi. Mon inertie pèse en ma poitrine. Le moindre mouvement à faire me parais incroyablement compliqué. J'attends une bonne claque, qui viendrait de je ne sais où. Je ne sais pas comment faire pour me réveiller... En fond il y a cette musique étrange, d'un cd preté par mon père, faite de sons de cloche, de chuchotements, et de ce son indisriptible qui flotte et qui résonne contre les murs... cette musique qui me cloue encore plus profondément dans le sol. C'est comme si j'avais envie de hurler un bon coup, mais que je ne parvenais à sortir aucun son de ma gorge, car je suis completement immergée. Où ? Je ne sais pas....

jeudi, juillet 26, 2007

Tragi-comique, coquille et paralysie

Tragi-comique
Des petites crises qui surviennent de temps à autre. De la rancoeur accumulée, une pincée de jalousie, des non dit, des je-sais-mais je fais-semblant-que-non, peut etre quelques petites provocations, des mots apparement anodins... des petits riens qui s'additionnent jusqu'à instaurer un froid. Mais vite, les retrouvailles, les "explications". Ces moments où l'ont se dit sincèrement ce que l'on a sur le coeur car à force on avait trop la nausée, enfin cela sort.
Mais jamais on n'arrive à garder notre sérieux. Au milieu des explications surviennent des phrases absurdes, des fous rires, le drâme comme on l'appelle est entrecoupé de moments très comiques, ce qui rend la scene completement absurde. Passer sans arret du grave au léger, sans aucune transition. C'est absurde, mais si raffraichissant.
Comme si l'on était en train de jouer une scene tragique et que l'on était interrompu par un fou rire invincible, un lapsus, un bafouillage... sans arret on zigzage entre des sentiments paradoxaux, la trajectoire ne ressemble plus à rien, mais c'est ainsi que l'on aime se promener, de crevasses en caillous, avec au milieu des serpentins de toute les couleurs qui aggrémente le chemin....

Sortir de sa coquille
Au milieu de la converation surgit, improbable, une sorte de petite limasse grise. Mais non, c'est un escargot. Il a absolument tout d'un escargot, sauf que... il n'a pas de coquille. Un escargot sans coquille. Je le fixe longuement, intriguée. Tout d'abord je me sens triste pour lui, j'ai l'impression qu'il est si petit et si faible sans sa carapace, fragile et tangible... mais très vite, je l'admire. Quelle force incroyable il faut à un escargot pour oser se débarasser de sa coquille. Je l'envie, j'aimerai savoir jeter ainsi cette carcasse et continuer à avancer, sans complexes, sans barriere. Ne plus ressentir le besoin de se recroqueviller, de se replier sur soi, en soi. Avoir le courage de se montrer à nu. Je le regarder, fascinée, continuer à avancer tout doucement...

Paralysie
J'ai l'impression d'employer souvent ce mot ici, et ce n'est pas sans raison. C'est comme ces reves ou j'essaie de courir, de fuir un danger, et plus j'essaie d'aller vite plus je me retrouve figée sur place, incapable d'avancer.... là je le ressens dans une autre dimension. Je me rend compte à quel point mes sentiments sont toujours bloqués, combien je refuse de les exprimer et de me laisser aller, de m'abandonner... Je me sens incapable d'exprimer de l'amour, tout comme de la colère, si ce n'est d'une maniere généralisée. Il m'arrive de ressentir une immense affection pour tout le genre humain, ou inversement un dégout profond, mais rarement ces sentiments sont personnalisés, dirigés vers un etre. Ou bien dans de rares exceptions, cela peut etre envers une personne inaccessible qui ne peut pas me renvoyer ces sentiments. Voire virtuelle. Ainsi, c'est fou comme je peux etre émue, pleurer facilement devant un film. Tant que ces personnes ne sont pas vraiment réelles, bien palpables...tant qu'il n'y a pas de confrontation. C'est mon drâme.

mardi, juillet 24, 2007

Questionnaire littéraire

Quatre livres de mon enfance
oulala quatre seulement c'est impossible ! je pourrai faire un effort pour essayer de réduire à quarante... bon, regroupons :
1) les livres de la bibliothèque rose (je ne sais pas pourquoi, mais j'ai toujours boycotté la verte sans aucune raison)
- tout d'abord Fantomette. C'était ma plus grande héroïne ! elle n'avait pas de parents, avait un chat, courait sur les toits, était jolie et intelligente et vivait plein d'aventures.... on m'avait même fabriqué un déguisement de fantomette : ma grand mère m'avait cousu la cape et le bonnet à pompon, j'avais découpé du carton pour fabriqué le col, et le F que j'avais colorié en doré....j'avais un look d'enfer ! C'est sans doute de là que provient ma fascination pour les toits et les chats noirs...
- Le club des 5 : j'étais fan, et cela va de soi j'adorai Claude et détestait Annie. Les personnages-garçons je ne m'en souviens même plus en fait...
- Le clan des 7 : j'étais moins fan mais j'en ai quand même lu pas mal...
2) Les livres de la collection médium : je trouve que c'est la meilleur collection pour enfant-adolescent. J'adorai Marie Aude Murail avant tout. Ses romans sont assez diversifiés : "vie quotidienne", policier, fantastique, mais on y retrouvait toujours des personnages drôles, un peu cyniques, et très attachants. Et puis il y avait aussi Moka, sa soeur, qui écrivait surtout des romans fantastiques (j'ai eu tellement peur de l'enfant des ombre à 9 ans que j'ai dû le cacher des semaines sous une grosses piles d'autres livres); Bon ça c'est mes deux auteurs fétiches, que je lis toujours aujourd'hui. Sinon, pour ne citer que mes favoris, il y avait aussi Christine Nöstingler, Judy Blum, Loïs Lowry, Susie Morgenstern...
3) Claude Ponti : un génie de la littérature pour enfants. Auteur-illustrateur, il crée des univers merveilleux, d'une richesse créative (graphique et littéraire) impressionnante. C'est un de ses livres, mon préféré je crois, qui m'a inspiré le nom du blog...
4) Enfin, La sacoche jaune de Lygia Bojung Nunes. C'est l'histoire d'une petite fille qui a du mal à gérer ses envies grandissantes : l'envie de cesser d'être une enfant, l'envie d'être un garçon et celle d'écrire (elle rédige des lettres à des amis imaginaires et a écrit un petit roman). Un jour elle trouve une sacoche jaune, à partir de laquelle elle va se créer une vie pleine d'aventures, de rêve et de fantaisie qui font irruption dans son quotidien...
Bon il y en a encore au moins mille autre mais je me force à arrêter là pour cette catégorie, parce que là je ne joue pas le jeu, et je sens que je commence à perdre les quelques lecteurs qui ont commencé cette note.... je vais être plus succincte pour la suite.

Quatre écrivains que je lirai encore et encore :
En fait il ne m'arrive presque jamais de relire des livres (à part ceux de mon enfance) je n'aime pas faire ça, mais si je devais choisir :
1) Milan Kundera : génial
2) Haruki Murakami : idem
3) Martin Page : idem
(tant de choses à en dire de ces trois là, mais rien que de penser à tout ce qu'il y a à dire je suis prise d'une grande flemme...)
4) Amélie Nothomb : j'ai adoré ses dix premiers romans au moins. J'ai l'impression que peu de personnes (ou trop de personnes, à choisir...) partagent mon goût pour cette auteur, je ne sais pas si c'est le côté best seller ou le personnage qui agace, mais bon j'aime quand même (de moins en moins cela dit je ne sais pas si je me lasse ou si ce qu'elle écrit maintenant est moins bien... les deux peut être...)

Quatre écrivain que je ne lirai plus :
Bon après avoir lu respectivement un livre, un chapitre, dix pages et trois paragraphes de chacun de ces auteurs, j'affirme quand même peut être un peu effrontément ce que je pense d'eux :
(pour les deux premiers auteurs, j'ai presque envie de copier coller ce qu'a mis Junko)
1) Bernard Werber : ses livres m'ennuient extrêmement vite
2) Marc Lévy : je ne sais même plus si j'en ai lu dix pages en fait, car la photo en couverture, le titre "Sept jours pour une éternité", le thème -le bien et le mal, Dieu et le Diable-, et ce que mon cousin m'avait raconté du personnage avec qui il a eu l'honneur de partir au Brésil avec d'autres écrivains français plus ou moins bons (euh bon, la seule autre dont je me souvienne c'est Lolita Pile) m'ont suffi à me rebuter... n'empêche que le portrait fait pas mon cousin de Marc Lévy était assez tordant (j'ai presque envie de diffuser la lettre canular qu'il avait écrit à une femme du voyage en se faisant passer pour Marc Lévy, c'etait trop drôle et ça avait marché, mais je ne sais pas si il sera d'accord...)
3) Anna Gavalda : trop de bons sentiments et pas grand intérêt
4) Paulo Coelho : quelques paragraphes ont suffi à m'écoeurer...

Quatre livres à emporter sur une île déserte :
je vais répondre de façon absurde à cette question absurde : je crois que j'emporterai des manuels de scout (ça existe j'espère?) parce qu'avec mon sens pratique je ne survivrai pas longtemps sinon..

Quatre livre sur ma pile :

1) La cloche de détresse de Sylvia Plath : je viens de le commencer, c'est un cadeau d'anniversaire. Il s'agit de l'unique roman, semi-autobiographique, de cette poétesse américaine (qui s'est suicidée quelques mois après...) Je ne peux pas encore en dire grand chose, si ce n'est que je pense que ça va bien me plaire. Certains critiques l'ont comparé à une version féminine de l'Attrape Coeur de Salinger...
2) Le passage de la nuit : dernier roman du grandissime Haruki Murakami, je ne l'ai pas encore commencé, mais j'ai entendu qu'il était décevant par rapport à ses précédents (en même temps après Kafka sur le rivage et Les amants du Spoutnik...)
3) Black hole de Charles Burns : encore un cadeau d'anniversaire, c'est une bande dessiné fantastique qui se passe aux États Unis dans les années 70, l'histoire c'est une bande d'adolescents qui contractent à tour de rôle une mystérieuse MST provoquant d'étranges mutations physiques... je n'en dis pas plus, mais ça à l'air très bien (les dessins sont assez hypnotisants... le style me fait aussi penser à Daniel Clowes)
4) Des romans de Murakami Ryu et de Yoko Ogawa (j'ai fait une rafle à Gibert et à la bibli)



Ps : et je donne le relais à l'Anonyme, Baldassare Castiglione et Berlin Belleville si ça leur dit...

dimanche, juin 10, 2007

Juste pour réhausser un peu le ton....

...et vous dire que je refais surface bientôt (enfin je vais essayer, il faut que je reprenne mes marques)

mercredi, mai 02, 2007

I hate the big decisions, that cause endless revisions in my mind... What do you think i'd see, if i could run away from me ? *

Jours et nuits sont troubles. Ils me filent entre les doigts, insaisissables, et moi je les contemple couler sur ma peau d'un air attristé.
Le jour à la poursuite d'une ombre, la nuit celle de fantômes, pourrai-je résumer... Dans tous les cas, je n'essaie d'attraper que de la fumée. Je ne sais toujours pas comment faire se matérialiser ce que je désire... Et puis souvent -c'est bien là le problème- je ne sais même pas ce que je désire, cette incertitude me déchire de toutes parts, et je reste là, figée dans l'inaction.


Ce soir la dernière phrase du dernier épisode de Grey's anatomy résonne dans ma tête "But as tuff as wanting something can be, the people who suffer the most are those who don't know what they want"...
Est ce que l'action nécessite une décision ? C'était un sujet de l'agreg de philo cette année, m'a rapporté une amie qui le passe. Il faut que je commence à me persuader que non, et que j'essaie de sortir un peu de mes sables mouvants dans lesquels je m'enlise bêtement, agir, sans me poser trop de questions, et sans me morfondre ou me trouver des excuses. Et puis aussi, que j'arrête de soupirer après tout ce que je désire et ne peux avoir... enfin ça, c'est une autre histoire.
Mais tout ceci n'est pas forcément facile à appliquer, quand on n'a rien -ni personne- à quoi se tenir fermement.

*Candy says lyrics, Velvet underground

vendredi, avril 13, 2007

Elle se déguise, elle gambade, elle erre... mais elle continue à s'étouffer

Tout à l'heure je me promenais dans Belleville avec l'Anonyme, nous avions échangé nos affaires, lui portait mon sac à main et moi j'avais enfilée sa veste trop grande pour moi et son beret, je me balladais une bière à la main et une cigarette dans l'autre en pouffant et en faisant des cabrioles, je lui montrais de jolies fresques au mur en lui racontant que j'aimerai arriver à être plus sarcastique, et lui me rétorquait que nous étions tout les deux gentils et maladroits, que nous excellions dans cette branche et que c'étais très bien comme ça. Mais je lui disais que non, j'en ai marre de moi, c'est peut être pour ça que j'ai toujours aimé me déguiser j'ai l'impression d'arriver un peu à me fuir, j'espere me semer dans la course mais mon ombre me rattrape toujours.

En tout cas, j'avais l'air d'un gamin qui aurait enfilé les vêtements de son père et serait parti faire l'école buissonière, ou d'un petit Gavroche avec son beret.
Au théâtre quand j'étais plus petite j'adorai les jours où nous nous déguisions, nous vidions toutes les malles de vêtement donnés par terre en plein milieu de la salle et choisissions robes, escarpins, vestes, foulards et chapeaux pour faire des improvisations... Je trouvais ça tellement magique de pouvoir devenir une autre personne -un autre personnage- en un claquement de doigts, quelques habits enfilés, du maquillage maladroitement appliqué, des pinces pour retenir les cheveux et un peu d'imagination...

Plus tard en rentrant chez moi j'enfile une grande chemise d'homme, blanche, comme Uma Thurman dans Pulp Fiction et je déambule dans les pièces vides, vais de fenêtre en fenêtre pour compter les étoiles. Cela me rappelle ce qu'une copine me racontais, que quand elle avait 12 ans elle dormait toujours avec une grande chemise en s'imaginant que c'était celle de son amoureux... Moi je n'imagine rien, je trouve juste ça sexy les femmes qui enfilent des vêtements d'homme, même si paradoxalement je suis toujours habillée de façon très féminine. C'est bête de s'amuser à être sexy quand on est toute seule dans une grande maison vide, mais malgré cela je me mets du rouge à lèvre, je lache mes cheveux en cascade sur mes épaules et je me mets à tournoyer le plus vite possible sur la musique, les yeux rivés au plafon blanc écaillé, ivresse du mouvement.

Hier j'ai erré seule dans la nuit à travers la ville pendant des heures, prenant des rues au hasard en espérant me perdre, et arriver enfin au bord de quelque chose, à la limite de... L'air doux était chargé d'aromes, je cueillais sur mon chemin les branches des arbres en fleurs. Si vous m'aviez croisé vous auriez pu voir une fille à l'air plutôt triste, la tête baissée, les deux mains jointes et serrées sur une fleur, portées au visage comme si elle était en train de faire une prière, mais non, elle hume juste le parfum elle voudrait que cette odeur sucrée ne la quitte pas et la guide vers un endroit magique... mais elle a beau eu le chercher l'endroit magique, elle ne l'a pas encore trouvé.

photos de Wu Qi

samedi, avril 07, 2007

Un quai. L'eau du canal qui scintille. Des usines. Un vieux batiment. Des graphes aux murs. Une ambiance underground qui me rappelle Berlin. Me voici au concert de Thedo au point éphèmère, je me retrouve ici par hasard et je ne regrette pas. J'étais venue pour voir Camera Obscura en deuxième partie, mais finalement je préfère la première, allez y jeter une oreille : http://www.myspace.com/thedoband
Les accords de guitare résonnent et vibrent dans le verre de bière vide que je tiens du bout de mes doigts. La chanteuse est auréolée d'une lumière qui clignotte, on dirait un ange démené ou bien une créature venue de loin. Une belle créature à la voix envoutante. Il y a foule, et je m'amuse à dévisager tout le monde. Comme au cinéma, des fois je ne peux pas m'empecher de me retourner pour observer les expressions des gens. Ils sont tous éclairés par une lumière orangée tamisée. Les yeux tournée vers la scène qui brillent, les profils attentifs et bien dessinés, tout ceci me fait regretter de ne pas avoir mon appareil photo, je les trouve tous beaux... ils semblent éphèmères comme se nomme l'endroit, fragiles comme cent pages éparpillées d'un livre éclairées par un feu de cheminée qui seraient prêtes à s'envoller à tout instant.
Les applaudissement retentissent comme la pluie, j'ai l'impression de les sentir couler le long des murs et dans ma nuque.
Durant le concert de Camera Obscura pendant que je les entend chanter "i'm lost... are you lost ?" j'observe des grains de poussière danser sous la lumière des projecteurs. J'aimerai qu'il me montrent une voie à suivre mais ils ne font que tournoyer dans tous les sens sans vraiment aller quelque part, mille petits fragments d'étoile déboussolés. D'ailleurs, c'est plus joli comme ça.

Olivia de Thedo

dimanche, avril 01, 2007

Automessage

Espèce de feignasse

mardi, mars 20, 2007

Dancing queen

Ca doit faire une demi heure que je déambule autour de cette station de métro, et je me suis finalement résignée à y entrer. Un jeune homme à l'haleine alcoolisée vient me demander de l'aide pour savoir comment aller à sa station, s'excusant d'avoir bu quelques verres de trop. Je lui indique gentiment ce qu'il veut et il me remercit dix fois, m'appelant princesse. En face un ivrogne a fait tomber sa bouteille de rosé et essaie péniblement de la ramasser sans trop y parvenir. A ma droite une femme sirote une bière. Tout le monde autour de moi semble plongé dans des brûmes éthyliques. Sauf moi, et pourtant là j'aimerai bien. Ce soir j'ai attendu un copain pour prendre un verre qui n'est jamais venu. Et pendant ce temps, Il m'a annoncé qu'on ne pouvait plus continuer comme ça. Pas de surprises, cette relation avait une date d'expiration dès le début, oui j'ai le chic pour toujours me mettre dans des situations impossibles.
Pendant une demi heure j'ai erré sur ce grand boulevard en attendant mon ami qui m'avait déjà prévenu que ce ne serait sans doutes pas possible ce soir, essayant d'aspirer le plus vite possible plusieurs cigarettes pour qu'elles me montent à la tête, avec cette musique trop fort dans mes écouteurs, mais rien à faire, ça ne prend pas. "Relax, take it eaaasy" m'ordonne mica.
Je suis un suspention sur un fil, jolie petite princesse avec mes barettes dans les cheveux et mes étoiles dans les yeux, mes perles rouges autour de mon cou qui semblent ordonner "croquez moi". Mais tous se sont détournés du poison, personne ne me croquera ce soir.
(...)
Dans le métro je prends le jeune homme trop imbibé sous mon aile, oui ne t'inquiète pas je te l'indiquerai ta station.
"Mais qu'est ce que tu fais ? C'est quoi, tout ce que tu écris ?"
"je travaille", dis je en mentant
Il prend un air effaré
"oui je sais, ce n'est pas une heure"
"c'est clair ! tu ferai mieux de faire autre chose, penses à ta vie"
"des fois, je préfère éviter d'y penser"
En sortant il me remercie encore "on devrait en rencontrer tous les jours des princesses comme toi !" je lui adresse un sourire que je ne peux empêcher d'être amer.
Puis je ferme les yeux et continue de suivre le fil de la musique. "You can dance, you can dance, having the time of your life"
Oui je danse, je danse sans m'arrêter jusqu'à plus soif, jusqu'à ce qu'ils aient tous quitté la piste et là encore je continue, je ne fais que brasser l'air mais ce n'est rien, it feels so good.
J'ai envie de basculer ma tête en arrière et de tourner sur moi même, voir ce petit carré de ciel sans étoiles tournoyer à toute allure jusqu'à ne plus rien distinguer.
Mais le problème c'est que quand ça s'arrête, ça donne envie de vomir. Est ce une raison valable pour ne pas commencer ?

dimanche, mars 18, 2007

Clebs, serpent volant, muqueuses et tobogan

Un instant de répis. En haut d'une colline j'observe les taches des fleurs naissantes dans l'herbe, le bruit de la ville me parvient dans un bourdonnement, atténué et adouci comme si il avait traversé une fine membrane. Je ronronne sous le soleil chaud. "Si tu te roules dans la merde, je te tue !" glappit une femme installée à une dizaine de metres à son chien. Le problème de ce parc c'est que de plus en plus de gens y viennent avec ces bêtes poilues et baveuses, et souvent les maîtres m'agancent tout autant que leur chien à leur lancer des batons et leur parler d'une façon bêbete. Pourquoi les gens ne viennent ils jamais avec leurs chats ? J'essaie de faire abstraction de mes voisines qui ne m'aident pas à trouver la sérénité que je suis venue chercher, et j'observe une ligne d'oiseaux progressant dans le ciel, formant comme un serpent volant qui ondule. Je repense à mon stage de ce matin, aux scéances d'endoscopie auxquelles j'ai assisté. Ca ne doit pas etre très agréable de se faire enfoncer un tube muni d'une caméra dans la gorge, l'oesophage, l'estomac puis le duodénum... N'empeche que le voyage est fascinant, c'est beau toutes ces muqueuses, et chacune d'elle a sa particularité, celle de l'oesophage est d'abord rose claire est lisse, puis dans l'estomac devient plus foncée, fuselée, et couverte d'acide biliaire, pour devenir un tube tournoyant et annelé dans le duodénum... tout ce petit monde insoupsonné que l'on renferme... j'aimerai parcourir avec mes doigts ces membranes humides, sentir leur consistance, leurs pulsations, leurs bosses et leurs excavités, suivre leurs sillons, les vaisseaux s'y réfléchissant, puis m'y laisser glisser comme dans un grand tobogan...
Plus tard avec lui je voudrai qu'il appuie dessus jusqu'à les déchirer, destructurer cette architecture, que les barrières tombent et que tout se déverse et se mêle...


dimanche, mars 11, 2007

London picks






Quelques photos de mon passage à Londres (dommage je n'en ai pas fait beaucoup) entre les docks, une partie de balançoire, la photo volée d'un anglais très classe fumant une cigarette dans une ruelle de Soho, le pont de Camden Town et une friperie de son marché où j'ai trouvé le plus beau manteau du monde !

lundi, mars 05, 2007

Just another day

La matinée ensoleillée est douce et caressante et se reflète tranquilement dans les flaques d'eau de pluie de la nuit.
Je suis immobile, juste enveloppée de musique et de fumée, la lumière me réchauffe les joues et m'aveugle agréablement. Je me sens bien, et pourtant il y a toujours cette angoisse latente qui pointe sur mon coeur et pèse dans mes alvéoles, comment l'air des poumons peut il sembler si lourd à porter ?
Je laisse s'écouler le temps sans réagir, mais je le sens perler comme des gouttes de sueur sur mes tempes. Il semble coller à ma peau comme par une lourde journée de canicule, poisseux, il ne veut pas s'écouler avec fluidité sans me contrarier.

Tout le reste de la journée est semblable à tant d'autres, je suis au milieu de gens qui m'ennuient, suis des cours qui m'ennuient. Tout m'ennuie atrocement en ce moment. Et je me désespère de ne pas arriver à avoir assez d'imagination pour m'échapper de l'ennui, ni assez d'humour pour supporter les gens. Je subis, l'air de rien, les écoute me raconter en détails leur vie qui pourtant ne m'interesse pas, mais je suis trop gentille pour le leur dire, et trop lache pour montrer ostensiblement que je n'en ai rien à faire, je fais semblant de les écouter avec quelques "ah oui?" et sourires forcés, c'est bête mais c'est plus facile. Et puis quand j'essaie d'en placer une, histoire de, on m'écoute à peine, c'est là où je me rend compte qu'ils n'ont même pas besoin de moi pour raconter leurs histoires tellement ils s'écoutent parler. Toute la journée je n'arrive pas à trouver un échappatoire qui m'emporterai un peu hors de cette réalité, même la musique de mon mp3 a été trop écoutée, les nuages trop regardés passer, je suis lasse de tout et de moi même en premier, j'enchaine soupir sur soupir, c'est fou cet sensation de l'ennui qui broie la poitrine.


Heureusement quand je rentre chez moi, bien trop tard, j'écoute ce disque de Janis Joplin que je viens de m'acheter et j'arrive à ressentir une pointe de satisfaction, le bien être recherché toute la journée m'envahit enfin, un sourire se dessine sur mes lèvres et mes poumons se regonflent un peu.

Je ne sais pas comment je vais tenir demain.

Irina Lazareanu (cette fille est troublante)

Bande son : Little girl blue, Janis Joplin (radioblog fait des caprices pour me la céder)

mercredi, février 21, 2007

Cinq choses que vous ignoriez...

J'ai mis du temps à essayer de faire une liste de quatre ou cinq petites choses que vous ne saviez pas sur moi, j'avais l'impression que tout ce que je trouvais était soit inavouable, soit sans aucun interêt... Bon, j'ai quand même essayé.
1) Je dors toujours avec mon nounours. Ridicule, non ? Apparement je n'ai pas encore appris à me passer de doudou, ça doit paraitre nunuche mais tous les soirs je le serre contre mon coeur en m'endormant, peut être pour empêcher les blessures muettes de s'échapper et de se répandre anarchiquement autour de moi...
3) J'ai des tendances kleptomane depuis toute petite. Ca a commencé en CE1 quand je voulais absolument faire une collection parce que ma copine Alix en faisait plein. Je m'étais mis en tête de collectionner des aimants, et j'avais alors commencé à en voler dans la classe en douce pendant les récréations... par la suite j'avais tellement culpabilisé que pour m'en débarasser, je les avaient tous donnés à Alix. Puis en cinquième, je m'étais liée d'amitié avec une fille que je qualifierait aujourd'hui sans hésitation de petite peste manipulatrice (j'avais toujours tendance à me faire completement avoir par toutes les pestes manipulatrices de la terre) qui me scella définitivement dans ce vice exquis. Cela commença quand elle m'entraina un jour à Décathlon dans le but absurde de voler des chaussettes de sport (mais à la limite de me faire repérer, je n'eu le temps de n'en prendre qu'une seule). Je continuai à voler régulièrement des babioles avec elle, maquillage, barretes, quelques vêtements... Jamais grand chose toujours des petits trucs en fait, mais c'était récurrent. Je n'oublierai jamais l'excitation liées à nos expéditions, l'adrénaline, la peur, puis la victoire !
Et bien c'est une habitude que je n'ai pas perdue et que je trouve toujours autant jubilatoire, bien que je ne suis vraiment pas une grande voleuse (et je garde des principes, ne jamais voler dans les petites boutiques, toujours les grandes chaînes), je n'en suis pas particulièrement fière mais voler peut être un tel plaisir... donc régulièrement, la lingerie d'H&M ainsi que les mascaras de Marionnaud s'envollent mystérieusement...
3) J'ai littéralement acheté mon premier amoureux. J'étais en CE1 (oui il s'en ai passé des choses cette année, mais dites moi si vous commencez à en avoir marre de mes histoires de cours de récréation) et j'étais complètement amoureuse d'un garçon qui s'appelait Tristan. J'en avais parlé à une copine qui m'avait alors convaincue qu'il fallait absolument qu'elle me laisse aller lui demander pour moi, je ne voulais pas trop mais j'avais fini par céder, rongée par l'excitation et la curiosité, et c'est alors qu'il lui avait répondu qu'il voulait bien si en échange je lui donnais mes figurines Babar. Je ne fus pas du tout été vexée ou humiliée au contraire je sautai en l'air, alors il suffisait que je fasse ça pour qu'il soit amoureux de moi, finalement c'était si simple ! Sans aucune dignité ou notion d'amour propre (lui non plus d'ailleurs, c'est quand même lui qui se prostituait) j'ai donc accepté à coeur joie. Et n'empêche que ce fut un amour très constructif, pendant deux semaines nous nous donnâmes la main dans le rang, je lui fis des dessins et lui offris une étoile de mer, et lui en échange me raconta des secrets de garçon auxquels les filles n'ont pas accès... (je me sentie extrêmement honorée quand un jour il m'avoua que si ça sentait plus mauvais dans les toilettes des garçons, c'est parce que eux ils faisaient pipi à côté, j'eu l'impression d'être la seule fille autorisée à connaitre quelques enigmes de l'univers des garçons...)
4) Certaines personnes qui me connaissent le savent déjà, mais là j'ai l'occasion de me vanter un peu : j'ai la chance d'être la cousine d'un de mes écrivains préférés, connu sous le nom de Martin Page. C'est bête, je ne l'ai pas fait exprès mais bon j'en suis tout de même très fière, en plus ce sont un peu comme mes grands frères, mes deux cousins... (et je suis tout aussi fière du "célèbre" que de "l'Anonyme" ;)
En tout cas si vous n'avez jamais rien lu de lui, courez dans votre librairie n'attendez pas une seconde de plus pour décourvrir son écriture délicieuce, mordante, jubilatoire, furieusement drôle, intelligente, fine, sarcastique, poétique... tout ça à la fois et encore plus. Avis aux amateurs, en ce moment il sort un savoureux petit traité "De la pluie", dans je vous livre en avant première un extrait (j'ai eu du mal à choisir j'avais envie d'écrire tout le livre ! donc bon, je ne sais pas si c'est le meilleur choix), et en mars un livre pour enfants, "Le garçon de toutes le couleurs", dont les personnes qui croient naivement être des adultes ainsi que les autres ne sont pas dispensées.
Extrait de De la pluie :
"Sous la pluie, tout mon être est effervescent. Je suis comme le sacré coeur de Montmartre, construit avec de la pierre de Château-Landon, qui sécrère une substance blanche quand il pleut. Un processus chimique commence.
Tel un cachet d'aspirine, je mousse et je frissonne. Il n'est pas désagréable de se sentir fondre et de se mélanger à l'air. En disparaissant, mon corps gagne une présence. Je suis en lien avec la Nature. Les gouttes tombent sur ma peau et, comme sur la surface d'une mare, dessinent des cercles ondulants et éphémères qui résonnent jusqu'à mon coeur."
5) Et puis, une chose que vous ne savez pas non plus, ceux/celles qui me lisent sans m'avoir rencontrée en tout cas, c'est à quoi je ressemble, le but de ce blog n'étant pas de montrer des photos de moi. Mais pour une fois, why not, je me révèle un peu, donc voilà à quoi je ressemble quand je m'amuse à me mettre un noeud de papier cadeau dans les cheveux :

vendredi, février 16, 2007

I'm a freak

Petite liste non exhaustive de "bizarreries" :
*je mange les pépins des pommes (on m'a dit que c'était toxique une fois, mais ça doit être des bêtises, vu le nombre que j'en ingurgite, leur contenu a un doux goût d'amande...)
*je mâche mes cheveux
*je parle aux objets
*et également aux chats que je croise dans la rue
*j'écris comme d'une gauchère mais de la main droite
*quand je lis ou je travaille, j'ai toujours l'omoplate gauche qui me chatouille furieusement, c'est insuportable
*je suis incapable de tenir en place, de rester immobile et tranquille il faut toujours que je gigote (ne vous mettez jamais à côté de moi au ciné)
*je grince des dents la nuit parait il (d'après mon dentiste) je vais finir par me les ronger comme un lapin sauf qu'elles ne repousseront pas
*j'ai souvent des envies de mordre les gens, ça n'a rien d'agressif, juste envie d'enfoncer mes dents dans de la chair
*je crois que je suis narcoleptique, si j'ai un coup de barre je peux m'endormir n'importe où, n'importe quand sans arriver à le réprimer
*j'ai du mal à lire l'heure avec des aiguilles
*je repère toujours ma gauche de ma droite avec mes jambes (et d'ailleurs je suis persuadée que ma jambe gauche est plus intelligente que la droite)
*je tartine de beurre tout ce que je peux me mettre sous les dents
*je suis incapable de me coucher avant 1h du matin
*j'ai la phobie des petis vers, surtout les blancs, comme ceux qu'on trouve dans les fruits ou sous des buches, ça me dégoûte profondément il m'arrive d'en cauchemarder, de rêver qu'il y en a partout sur mon corps en train de se trémousser dans tous les sens....arghh!

mardi, février 13, 2007

Petits moments, ou comment passer de l'autre côté du miroir...

Samedi soir, chez R. Il fait trop chaud et j'ouvre la fenêtre pour contempler tout Paris du 19eme étage avec un petit vent frais dans mes cheveux. On se demande combien de temps il faudrait à quelqu'un qui se jette d'ici pour atteindre le sol, 5, 10 secondes ? Sans doute une éternité pour lui, dis-je à mi-voix. On propose de jeter le chien Spike par la fenetre pour chronométrer, ou d'autoriser l'acces à l'appartement au club de suicidaires du livre de M. Page Comment je suis devenu stupide, mais bon ils finiraient par tous s'empiler les uns sur les autres et le calcul serait faussé. Puis on imagine rêveusement une pyramide de corps qui monterait jusqu'au 19ème étage. Non mais vraiment, n'importe quoi.
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D nous a invité D' et moi à venir manger des crepes chez elle dimanche après midi. Je suis contente d'avoir enfin fait la connaissance de quelqu'un d'un peu excentrique dans cette fac, que mes autres copines ont d'ailleurs qualifiée suspicieusement de "bizarre". Et curieuse de voir l'appartement de cette fille à la chevelure volumineuse qui joue de l'accordéon, et qui me raconte avoir un chat vert et être partie pendant les vacances deux semaines dans un monastère bouddhiste. L'après midi est doux : citronade, pirouettes du chat et élaboration - ou plutôt ratage- de crêpes completement disloquées, qui semblent nous sourire monstrueusement de leur face déchirée. J'ai beau chercher je ne vois pas les nuances de vert sur le pelage tigré du félin, mais j'admire sa capacité à elle à en voir dans les interstices miroitants, j'aimerai voir des choses que personne ne voit... J'élabore pour ne pas la contredire la théorie que tout le monde est daltonien sauf elle.
Le temps s'écoule tranquilement entre dégustation de lambeaux de crêpes à la cannelle et au citron, au miel, beurre-sucre ou encore au nutella, sirotage de cidre et écoute d'un beau Cd de Yann Tiersen, pendant que le chat, Quinoaï, frotte sa truffe contre le bout de mon nez ou essaie sournoisement de manger mes chaussures. Les chats ont des lubies étranges, des fois j'aimerai les imiter pour voir... (rassurez vous, je n'ai pas essayé de manger mes baskets)
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A la sortie du métro, deux femmes manquent de m'eborgner en ouvrant avec précipitation leurs grands parapluies à quelques centimètres de mes yeux. Quand j'étais petite j'essayais de me glisser sous le parapluie des inconnus pour éviter d'être mouillée, mais ça m'est passé et maintenant j'aurai du mal à le faire discrètement comme autrefois... La pluie pénetre donc comme pleins de petites épines dans ma chair, et je m'emmitouffle dans mon écharpe rouge pour ne pas qu'elle s'insinue incidieusement dans ma nuque. Je commence à marcher en regardant obstinément le sol, pas question de relever le nez. Par terre je croise quelques mégots de cigarette, peaux de clémentine, emballages de Lion, éclats de bouteilles ou vieux journaux. Il y a aussi des détritus qui coulent tranquilement à mes côtés, emportés par le flot du caniveau, j'ai envie de m'assoir sur ce bout de plastique et de me laisser emporter par le courant moi aussi, mais il faudrait que je sois toute petite... Mes pieds commencent à être mouillés et mon maquillage à dégouliner, je m'amuse à passer sous une gouttière comme dans Les Malheurs de Sophie, tant pis pour le rhume je veux m'imbiber de pluie, et je lève le visage au ciel en ouvrant la bouche pour boire quelques gouttes.
Le vent souffle très fort et j'aimerai qu'il me soulève et me fasse tourbilloner dans les airs avec ces feuilles mortes et ces sacs en plastique, mais il se contente de faire valdinguer mes boucles dans tous les sens pour finir par en dresser un rideau devant mes yeux, du coup j'avance à l' aveuglette et je manque de me prendre quelques poteaux. Je suis sensée aller à la fac mais je ça m'est complètement égal, je préfere continuer à marcher et tourner au hasards des croisements sans regarder où je vais, on verra bien où ça me mènera.
Les yeux toujours rivés au sol je vois le reflet des nuages, des arbres et des immeubles qui se gondolent à mes pieds dans le sol luisant, déformés un peu comme dans un tableau de Van Gogh. Je manque plusieurs fois de glisser sur le sol et de m'étaler par terre, peut être parce que j'ai envie d'essayer d'y rentrer comme Alice dans le miroir...


Et puis maintenant, appuyez sur play, fermez les yeux et laissez vous emporter par ce magnifique morceau :

lundi, février 05, 2007

See my solitude where once was truth now only doubt, touch my tortured skin torn from within and from without...

Mon esprit est comme une grande page blanche, les mots dansent tout autour mais je n'arrive pas à les saisir et à les plaquer contre une feuille. On m'a demandé à plusieurs reprises dans la soirée "tu es triste, ou fatiguée?" Je n'arrivais pas à répondre, oui je crois que je suis triste mais je ne sais pas pourquoi, je n'ai pas de raison de me sentir mal et pourtant... Je n'arrive pas à me mêler à la foule, aux rires, à la gesticulation, je m'en sens trop éloignée, je ne sais pas quoi dire ni quoi faire, c'est sans doute moi qui m'éloigne intentionellement des autres et pas l'inverse comme j'en ai l'impression. Peut être que je suis tout simplement fatiguée, oui. "Tu as l'air mélancolique, ou songeuse, oui songeuse c'est ça !" Tout le monde s'est donné le mot pour analyser mon état, je les laisse faire moi je n'y arrive pas, je me sens juste absurde.
Je crois que je préfère être entourée par mes fantômes que par tous ces gens, bizarrement je me sens plus exister parmis eux. Au milieu d'une foule ou d'un grand groupe j'ai l'impression de me dématérialiser, de n'être plus qu'une vague présence qui flotte dans l'atmosphère. D'une certaine manière j'aime cette sensation d'absence, comme si j'étais immergée et que je contemplais à distance les formes, couleurs et lumières étranges dansant à la surface. Je n'ai pas envie d'être en représentation, de faire des efforts pour briller et que l'on me remarque. Mais en même temps cet état ne me conviens pas non plus, je ne peux m'empecher de ressentir un malaise, sentiment désagréable d'être petit à petit gommée.
Etouffée par les clameurs, j'aimerai aller respirer un peu d'oxygène à la surface avec eux et participer moi aussi à ce spectacle mais je n'ai pas la force de remonter toute seule, je crois que ne sais plus nager...
Maintenant je rentre chez moi et j'ai mal au coeur, l'alcool au lieu de me libérer de mes chaines n'a fait qu'accentuer ma confusion intérieure, dont je n'arrive même pas à saisir l'objet. J'ai dit dans la soirée que je me sentais déconnectée mais c'est faux, comme j'aimerai l'être, il faudrait d'abord que j'arrive à me déconnecter de moi même et du regard des autres, trop présent dans mon for intérieur... On m'a dit qu'on appréciait le fait que je regarde les gens dans les yeux quand je leur parle, mais on ne sait pas que c'est pour y chercher désespérément mon reflet.
J'ai besoin d'être rassurée, de savoir que j'existe moi aussi, que vous me voyez, que vous m'aimez.
Non décidément ce n'est pas une déconnection là, c'est juste une mauvaise connection, un bug, un disque qui saute. Je suis en colère contre moi-même, je maudis mes obsessions dont je n'arrive pas à me défaire et mes bloquages stupides, tout ce cercle vicieux qui n'en finit plus de tourner à m'en donner la nausée, j'ai envie d'inspirer un peu de légèreté mais je ne sens qu'une flopée de marteaux qui m'enfoncent chaque instant un peu plus dans l'autoflagellation.
Sur le chemin du retour le monde entier tangue dangeureusement et j'essaie sans succes de repousser toutes ces formes inquiétantes qui se penchent sur moi et menacent de me tomber dessus... Je suis en marche automatique pour rentrer chez moi, j'essaie de regarder le sol et pas devant moi car chaque pas que je fais me semble être un pas à reculon, j'ai l'impression vertigineuse que toute tentative d'avancer me projette violemment en arrière.


Et ce superbe morceau de Divine Comedy (dont est extrait le titre de note) qui s'accorde très bien avec mon humeur :

jeudi, février 01, 2007

On the road to nowhere


Je n'aime pas les ciels blancs. La lumière blême, les teintes blafardes m'évoquent au mieux des néons qui font mal aux yeux, au pire me donnent une impression de néant. Le paysage qui défile par la fenêtre, à l'image du ciel, est bien morne. Heureusement la voix de Chan Marshall me berce doucement et couvre partiellement les râleries de mon père. La musique me construit un petit nuage douillet sur lequel je flotte. Sur l'autoroute défilent usines, murs tagués, fils électriques, bandes blanches, arbres dépouillés, entrepôts, grues... Bizarrement je préfère quand même regarder le paysage que de fermer les yeux, toute cette laideur a quelque chose de captivant. Je dessine bêtement des soleils sur la buée de ma vitre pendant que mes parents s'engueulent, même si je préfererait qu'il pleuve en fait pour voir le monde mouillé, trouble et luisant. Quand j'étais petite je m'amusais à faire des grimaces aux gens dans les autres voitures pour passer le temps, un jour un couple de vieilles personnes m'avaient gentiment répondu en louchant et en me tirant la langue, instant de bonheur qui m'a suivi tout le voyage. Là je me fais des grimaces à moi-même dans le reflet de la vitre.
Je me suis toujours demandé ce qui se passerait si je sautais de la voiture en plein vol, un peu comme les héros dans les films qui sautent du train qui va exploser. Ils s'en tirent toujours, eux.




Cat Power pour la grâce et la fragilité :


Et dans une autre ambiance, les Talking heads :



samedi, janvier 27, 2007

What a mess (Aveuglement - petite fille qui boude- barricade de sourires - silence assourdissant - poissons à l'envers - ténèbres - anesthésie)

En ce moment, je me sens incapable de faire quoique ce soit, comme engluée dans mon esprit déstructuré. Incapâble de me lever le matin, incapable de ranger ma chambre qui devient un bazar innomable où il est à peine possible de marcher, incapable d'écrire, de lire, d'accomplir quelque chose, de m'impliquer, incapable d'aimer. Bref, je me dis quand même que sans un minimum de volonté je vais rester dans cet état et me laisser porter au gré des intempéries de mon esprit. Donc, je m'installe en face de ce clavier et je me retrouve ainsi, en train d'enchainer ces mots inutiles. Je fais essayer de les faire ressembler à quelque chose, même si ça peut me prendre du temps. Depuis des semaines des début de notes s'accumulent dans ma tête, des moments répertoriés, post-ités, que j'espere arriver à saisir une seconde fois avec des mots. Cette note va être un beau bazard.

J'attends tranquilement à l'abri de bus. Je suis juste en train de me dire que les seuls moments où je suis vraiment comblée sont ceux où j'ai mes écouteurs dans les oreilles, une cigarette aux lèvres et un soleil doré en face. Comme j'aime être aveuglée...
Un car d'enfants s'arrête au feu rouge. Une petite fille me regarde avec intêret et chuchote quelque chose à ses copines, deux garçons font des grimaces, et une autre petite fille, toute seule, a l'air de bouder. Elle regarder le paysage d'un air vaguement blasé, son visage enfoncé dans sa main, elle a l'air d'avoir envie d'être à mille lieues d'ici. Elle m'est bien sympathique, cette petite fille. Elle me rapelle moi...
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"Mais tu es tout le temps dans la lune en fait, tu planes complètement !" me dit M. au retour, dans le métro, après que je lui ai parlé de ma facheuse manie de tout perdre ou tout oublier n'importe où. "Moui...ça se voit ?" "En fait c'est marrant parce que tu es tout le temps en train de rigoler, mais tu as l'air de penser à autre chose en même temps..." c'est là que je me rends compte à quel point le rire devient, surtout dès que je me retrouve en groupe, une défense automatique, une façon d'être présente et acceptée, d'établir un lien. Sourire flottant derrière lequel je me barricade et sans lequel je n'arriverai pas à être là parmis tous, car très vite je me perds et ne deviens qu'une ombre qui n'arrive pas à se matérialiser...

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Dimanche soir, avec L. dans un restaurant japonais, à nous empifrer de sushis, makis, sashimis, brochettes de boeuf au fromage... On est seules dans ce restaurant, mais il y a au moins quatre serveurs, se parlant dans un japonais que l'on ne comprend pas. L'atmosphere du restaurant est assez étrange, car il y a un bruit, une vibration qui sort d'on ne sait où et qui remplit la pièce. Difficile à décrire, mais c'est comme le bruit du silence fortement amplifié. Une vibration sourde, qui donne une impression de "silence assourdissant"... Et nous, nous sommes comme suspendues dans l'air...
Après le repas, avec un thé accompagné d'une cigarette, nous nous retrouvons à contempler l'aquarium en face de notre table. Je n'avais jamais pris la peine de les observer , mais c'est assez fascinant, les poissons ! Il y en a de toutes les couleurs, un blanc et rouge, un orange, un doré, un noir que l'on surnomme vite "la mort". Leurs nageoires sont incroyablement minces, à tel point qu'on dirait de la soie très fine, presque translucide, prête à se liquéfier, qui ondule gracieusement au gré de leurs mouvements. Un poisson retient notre attention, il a un comportement très étrange : il est incliné de 90° en quelque sorte, et dès qu'il essai de se remettre droit, bien horizontal, on dirait que sa queue remonte et le réincline automatiquement, comme si sa queue était incroyablement légère et qu'elle l'entrainait irrésistiblement à la surface, et le pauvre poisson doit constamment lutter pour ne pas remonter flotter à la surface. Il doit avoir le tourni, à force d'être de travers. Je compatis pour ce petit poisson, j'ai l'impression qu'il est une métaphore grotesque de mon esprit, toujours occupé à flotter plus haut, ce qui fait que je me retrouve completement de travers, désaxée, et que j'ai un mal fou à avancer.

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Quelques heures plus tard, dans le bois de Vincennes. Il est plus de minuit, et on roule à vélo dans une dense obscurité, il n'y a plus aucune lumière dans le bois. Je me sens soudain à des kilomètres de la ville, dans une sorte de campagne mystérieuse et un peu inquiétante, avec tous ces petits bruits non identifiables venant des arbres, des buissons et du lac à côté... Un goût d'aventure et de danger me remonte à la bouche, mon coeur bondit à la rencontre de tous les monstres inventés que j'imagine tapis dans le noir. Les ténèbres effacent toute trace de présence humaine et laisse l'imagination et l'irrationel prendre place et créer une atmosphere fantastique... On est à Porte Dorée et on decide de faire le tour du lac, enfin débarassé des mômes, chiens et parents tournant bruyamment autour toute la journée. Pour une fois l'endroit est désert, et là il nous appartient. Ou plutôt, c'est nous qui lui appartenons il me semble. Quel exaltation de rouler dans le noir autour de cette grande étendue d'eau miroitante aux rayons de la lune ! Tout l'air semble densifié et chargé d'énigmes, il y a une sorte de présente qui y flotte et que nous pouvons respirer. Ce qui m'exalte aussi, c'est assez bête, mais c'est que ça m'a toujours fasciné de penser que tous les endroits où je suis allée continuent à "vivre" en mon absence, ainsi que tous ceux où je n'ai jamais été d'ailleurs, c'est une vérité évidente mais je trouve toujours ça incroyable de m'imaginer qu'à l'instant présent ils "sont en train d'exister", si loin soient ils. Cette petite crique en Grece, notre jardin dans l'île, ce petit chemin dans la montagne, ce pont au dessus du canal glacé embrassant la ville à Berlin... tous ces endroits qui comme celui ci doivent être déserts en ce moment mais qui continuent à "être", l'absence de gens révélant plus intensément leur présence me semble-t-il... Et là c'est comme si j'étais une spectatrice qui avait réussi à se glisser dans les coulisses, et qui pouvait observer impudiquement ce lieu dans toute son intimité...
Ca me rappelle ce moment où, dans une de mes nombreuses promenades à vélo, j'étais arrivée sur une plage déserte après dix minutes de "pédalement" dans l'obscurité totale, ma lente avancée dans le sable dans lequel j'avais l'impression de m'enfoncer un peu plus à chaque pas, cette brise salée qui m'emmelait les cheveux, tout l'océan que je devinais étalé devant moi, noir et agité, prêt à venir me cueillir si je le voulais, et en face cette petite dune au dessus de laquelle brillait fierement la pleine lune, grande, ronde, belle et lumineuse, avec dans mes oreilles un mélancolique Avé Maria... Toute la beauté et la tristesse qui m'envahissaient à ce moment là...
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Je le laisse mettre de la distance entre nos corps enlacés l'instant d'avant. De toute façon, même si je l'ai longtemps désiré, je ne mesure pas bien ce qui s'est passé. Comme si mes émotions venaient d'être anesthésiées. Je ne ressens rien, ni joie ni tristesse, ni satisfaction ni frustration, ni contentement ni regrets... Il y a juste un espace blanc. Je suis là mais je ne suis qu'une écorce vide et sèche, la sève ne coule pas. Malgré tout, j'ai l'intuition que tout ce qu'on y inscrit reste bien gravé. Comme souvent avant de m'endromir, des paroles de chanson me trottent dans la tête : "Tonight, your ghost will ask my ghost : where is the love ?"
Le lendemain matin, il neigeait.

Encore Irène Jacob dans la double vie de Véronique...

Et puis deux très beau morceaux sans rapports entre eux à part qu'on les retrouve dans des films de Wong Kar Wai, le premier dans 2046 et le second dans Chunking Express :



vendredi, janvier 12, 2007

Queen of nothing

Décidément, je suis une maudite de la galette des rois. C'est incroyable mais en 19 ans d'existence, je ne me souviens pas l'avoir eue une fois, sauf en trichant!! Hum c'est mauvais signe ça... je commence vraiment à croire à la chance (et dans mon cas, la malchance)

mardi, janvier 09, 2007

... But i can't sleep at night

Le vent souffle fort, et les feuilles des arbres qui en ont encore se meuvent dans tous les sens. Les arbres décharnus quant à eux agitent leurs branches tortueuses. A la lueur des lampadaires, je vois des vagues de bruine qui sont soulevées à chaque bourrasque, une pluie si fine que je n'avais même pas remarqué qu'il pleuvait. Les fils électriques se balancent tranquillement, au loin une lumière clignote sur une grue. Il est quatre heure du matin. Il n'y a absolument personne dans la rue, pas un bruit, pas une voiture, pas une lumière allumée dans le grand immeuble en face. Juste un chat qui passe furtivement sous ma fenêtre, et une feuille morte, solitaire, se faisant balader par le vent, qui racle le sol. Il y a aussi les oiseaux, qui perturbés par la douceur de l'air, s'égosillent joyeusement. Le monde entier est déréglé, pourquoi pas eux. La musique du vent associée au chant des oiseaux me soulève le coeur.
Mon coeur bat vite. Le vent souffle fort, je m'imagine que c'est lui qui souffle dans mes veines pour aider le sang à circuler. Sensation d'être au bord de la mer qui est pourtant bien loin, à la frontière d'un monde immense et inconnu, noir et palpitant, traversé par de mystérieux remous. Je grimpe sur le rebord de ma fenêtre, envie de sauter dans le vide, pas des envies de suicide non, juste l'impression que je pourrai m'envoller, et balayer le ciel à toutes vitesse comme ces nuages, effleurer la lune.
Comme j'aime cette heure là. J'ai l'impression d'être la seule âme éveillée du quartier, délicieux sentiment d'être seule au monde, et que ma conscience se déverse dans l'air pour se mélanger harmonieusement avec la Nuit et être emportée par le vent et la pluie.
Oubli de soi pendant quel
ques secondes trop brèves.*
Cette nuit, je n'arriverai sans doute pas à dormir. Demain quand je me réveillerai je serai aussi pâle que la lune, un teint blanc associé à un rouge à lèvres éclatant pour mordre le Jour. Et qu'il saigne
.

*Sentiment que Kundera a mieux décrit que moi dans L'Immortalité :
"Parvenue à un ruisseau, elle s'était allongée dans l'herbe. Longtemps, elle était restée étendue là, croyant sentir le courant la traverser, emportant toute souffrance et toute saleté : son moi. Etrange, inoubliable moment : elle avait oublié son moi, elle avait perdu son moi, elle en était libérée ; et là il y avait le bonheur. [...] Etendue dans l'herbe, traversée par le chant monotone du ruisseau qui entrainait son moi, Agnes participait de cet être élémentaire qui se manifeste dans la voix du temps qui court et dans le bleu du ciel ; elle savait, désormais, qu'il n'y a rien de plus beau."


lundi, janvier 08, 2007

Wanna sleep all day long...

dimanche, janvier 07, 2007

Scènes quotidiennes

Mon frère, en mangeant des rillettes de canard : "Eh, c'est horrible de penser que ça, avant, c'était un canard qu'on a broyé tout entier !"
Mon père, très sérieux : "Mais non voyons, ils enlèvent les plumes avant." (ceci affirmé sans la moindre once d'ironie)

mardi, janvier 02, 2007

Hesitation's always mine
Hesitate outside the times

With all I don't say

With all I don't do

I'm sending you

Invitations to hesitate too


(IOU lyrics, metric)


vendredi, décembre 22, 2006

Well you can do it all, just don't let the music fall

C'est toujours paradoxalement (et malheureusement) dans les périodes où j'ai le plus de contraintes et le moins de temps pour moi (comme des révisions de partiels gargantuesques...) que j'ai tout d'un coup une imagination prolifique et mille envies qui tourbillonent.
Mille envies, mille fantasmes, mille fantaisies, mille rêves, mille projets imaginaires...
Une énergie et un enthousiame incroyable, que je m'efforce de contenir, tout ce petit monde trottinant joyeusement dans mon esprit exalté, et en musique, s'il vous plait.
Dans ces cas, je mets The Pipettes à fond et je saute partout, jusqu'à ce qu'on vienne me dire de me calmer et me traiter de barge. Même pas vrai.
Je rêve avec délectation à ma liberté perdue qui, je le sais, lorsqu'elle sera retrouvée n'aura sûrement plus la même saveur et le même éclat...
J'espere tant que cet état mélancolique et apathique, cette sensation de vide ne reviendront pas quand les contraites partiront... que la tornade qui m'agite ne sera pas déviée pour ne laisser que des débrits et un paysage arride et désolé
Quelle lâcheté, dès qu'on a la possibilité de réaliser ses projets et ses rêves ceux ci se dépêchent de s'enfuir et de s'enfouir profondément... Peur de ne pas être à la hauteur ? Surement.
Petite idiote, va.

A Junko : là aussi j'avais envie de mettre l'image des champignons qui volent (mais bon il ne faut pas être trop redondant...) ^^


I just want to move, i just want to freak out


lalalalalalalalala...

mardi, décembre 19, 2006

Dans les rues de Paris

dimanche, décembre 17, 2006

Oh now the lonely nights begin, and there is nowhere left to go

Je ne sais plus quand elle m'a prise, cette envie de pleurer, mais elle est tenace, tu sais. Comme si je me retrouvais tout d'un coup très seule, avec un étau qui m'enserre le coeur. Peut être une chanson, un accord. Ou ces gouttes de pluie éclatées sur un pare-brise, scintillantes sous la lumière d'un réverbère. Cette nuit sans lune. La fumée s'élevant des cheminées, qui au bout de quelques secondes d'existence se dissout dans l'atmosphère glacée. La silhouette de ce chat noir, ses yeux jaunes qui fendent la nuit avant qu'il ne disparaisse furtivement, et que je ne puisse l'effleurer. Mon souffle qui se cristallise dans l'air. Le crissement des feuilles que j'écrase lourdement sans m'en rendre compte. Le regard croisé de cette femme dans le métro, triste et interrogateur "et alors ?" "et alors, moi non plus je n'en sais rien, et moi aussi j'ai peur".
Peut être le fait de se retouver seule, et de se dire que c'est tellement éphémère, et déjà bien loin. Vide de sens ?
Peut être ce sentiment tenace d'être perdue.
Je m'aggrippe à des corps, les escalade et essaie d'attraper des étoiles, mais je me casse la gueule.

Fleurs de papiers, corps égarés
Sans mémoire ni espoir

A la fois si loins, si proches
L’un de l’autre, l’un dans l’autre

Je soupire, et je n'ai rien d'autre à faire, à cette heure, éclairée par la lumière aliénante de l'ordinateur, accompagnée par Pulp dans le casque, pendant qu'autour de moi des esprits doivent être profondément enfoncés dans un univers incohérent de rêves.

Christina Ricci

Bande son et titre : Death II, Pulp (impossible à trouver sur radioblog)

et puis, rien à voir avec Pulp, mais ce titre qui me rend mélancolique : today is the day, Yo la Tengo (aussi impossible à trouver... grrr!)

jeudi, décembre 14, 2006

Who am I, what and why, cos all i have left is my memorie of yesterday

On est au douzième étage, et j'ai devant moi tout le panorama de la ville inondée par une lumière de fin de journée d'hivers. Les voix autour ne sont plus que brouhaha. Le nez contre la fenêtre, piégée dans cette blouse blanche, je regarde le soleil bas et l'atmosphère brumeuse et dorée qui flotte sur la ville, tout en mordillant une mèche de cheveux. J'aimerai monter sur le toit, j'aimerai m'envoller d'ici, survoler toute la ville et aller dans les nuages...
Le médecin revient, pour nous apprendre comment lire un électrocardiogramme. Je l'écoute d'une oreille en prenant des notes, et me tourne de temps en temps pour voir les couleurs qui se modifient à chaque instant, couleurs sanguines qui commencent à envahir le ciel avant de se faire chasser par la nuit, et quelques nuages rougeoyants qui trainent au dessus de Paris.
Je pense à lui, à cette nuit là, à la pluie qui battait fort sur le toit, juste au dessus de nous, au dernier étage sans assenceur.
Cette pluie, qui nous imprégnait sans nous atteindre, qui nous noyait sans nous mouiller. La voix envoûtante de Beth Gibbon. Ses ongles dans mon dos, son souffle sur mon épaule, mes doigts dans ses cheveux.
Je me reconcentre, onde P, dépolarisation auriculaire, ondes QRS, dépolarisation ventriculaire... Ondes... Comme notre coeur, la ville est parcourue à chaque seconde de milliers d'ondes invisibles qui la traverse dans tous les sens, qui nous traversent sans qu'on en ait la moindre idée. Toutes ces couleurs, la lumière, les sons, la musique... toutes des ondes, à la base de notre perception du monde. Ondes qui font les pulsations de nos coeurs, de nos pensées... Pas de la matière, pas des particules non, mais de l'énergie qui circule.
Juste une perturbation qui se propage, sans fin.

Irène Jacob dans la Double vie de Véronique


Roads, Portishead (musique et paroles magnifiques)

Titre extrait de la chanson Sour times de Portishead

dimanche, décembre 10, 2006

A week ago

Le réveil sonne, ou plutôt une musique ridicule et insupportable s'échappe de mon portable, m'indiquant qu'il est maintenant l'heure d'aller affronter le monde extérieur. Je suis prise quelques secondes par la sérieuse envie de l'éteindre, le balancer au bout de la pièce et me retourner sous ma couette bienveillante. Chaque matin, c'est ce que je me dis "non finalement j'ai décidé que je ne me lèverai pas, je ne me lèverai plus jamais, je suis mieux ici..."
Mais bon, je me lève. Cette nuit, record, j'ai réussi à m'endormir avant 3h du matin, après avoir passé les deux dernière nuits à ne pas pouvoir fermer l'oeil, condamnée à me retrouver dépouillée, face à moi-même pendant de longues heures. Je descend péniblement les escaliers, la mine plûtot renfrognée. En bas, je tombe nez à nez avec un ouvrier en train de repeindre le mur de la cuisine. Mince j'avais complètement oublié... je marmonne un bonjour géné, heureusement le gaillard n'a pas l'air très bavard, et je m'enfuie, en pyjama et légèrement honteuse, dans la salle de bain.
L'eau brûlante de la douche coule dans mon dos. Des gouttes s'écoulent le long de la vitre trouble et une vapeur vient brouiller mes pensées confuses. Le jet de la douche dessine des barreaux sur mon corps et j'ai envie de rester abandonnée dans cette prison.
Zut, ma mère est là à la sortie, et comme chaque matin elle part dans un babillage incessant, comme si elle n'avait pas compris au fil de ces années qu'il est impossible d'avoir une conversation avec moi le matin, que je ne réclame qu'un peu de silence pour rester enfermée dans ma bulle imaginaire...
Dans la cuisine c'est le chantier, impossible de se faire un petit déjeuner et puis surtout pas le temps, je réchauffe à la va-vite un fond de thé qui doit être dans la théière depuis trois jours.
Je sors, le temps qui grisonnait hier est radieux, ciel bleu et soleil éclatant, et je n'ai même pas un peu de musique à me mettre dans les oreilles pour apprécier ce
bout de soleil... tant pis, je chantonne quand même Funny little frog de Belle&Sebastian et pense à Ally McBeal qui n'a pas besoin d'écouteurs pour l'entendre, la musique.
Dans le métro, je lis un peu et je somnole, au bout d'une heure j'arrive dans les grands amphis de la fac. Le cours (sur le génie génétique, cours donné par un adorable papy ) est déjà commencé depuis plus d'un quart d'heure, je n'arrive presque jamais à avoir moins d'un quart d'heure de retard. Je repère dans l'amphi quelques têtes connues et m'installe discretement à proximité. A la pause je retrouve B. et R. fumant une cigarrete da
ns le hall devant le panneau "fac sans tabac". B est énervée et raconte à R. que le serveur qui lui fait du charme depuis quelques mois dans son café fétiche se comporte de la même façon avec toutes les demoiselles du café. "J'ai un copain, mais bon ça me flatte c'est de l'égo..." Son égo en a pris un petit coup... Retour en cours, puis déjeuner, mais la miss tête en l'air que je suis a perdu pour la deuxième fois de l'année un carnet de ticket Crous plein et est réduite à rassembler quelques centimes. Conversations banales, dont je n'arrive même plus à me rappeler maintenant. On sort ensuite sur les marches, je lézarde au soleil, contemple les ronds de fumée en discutant avec R qui me taquine.
Au retour nous prenons tous le métro.

A Place de Clichy, on entend des cris sur le quai d'en face puis un choc sourd. On doit tous sortir du métro. Un jeune homme vient de se jeter sous les rames. J'ai tout d'un coup les jambes qui me picotent et une étrange sensation dans la gorge. Des gens pleurent autour de moi, d'autres essaient de voir. Je m'empresse de sortir, et je prend des correspondances. J'ai l'impression d'avoir le cerveau vide pendant les douze autres stations, je fixe un point imaginaire au loin et j'ai cette phrase qui tourne en boucle "Il a sauté. Il a sauté..." Je n'arrive pas à la mettre en perspective, ni même à ressentir quelque chose. Je me sens juste vide, un sorte de néant qui m'envahit un peu plus à chaque instant. Je veux aspirer le néant de ton regard arride.
A la sortie du métro, le soleil décline et le ciel est inondé d'une lumière dorée.


Le ciel, ce soir là
Les soleils couchant
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière

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