And god said "oh my god" what's happen to the human being wake up wake up crowd wake up from your boring dream coz it's unza unza unza unza unza time
Le crépitement du feu que j'allume et le doux chuintement de la bouilloire. Il est 6h. J'aime ces petites choses du matin, que normalement je ne prends pas le temps d'apprécier, car le matin, je n'ai jamais le temps. Je me lève toujours à la dernière minute. Mais là je ne viens pas de me lever, au contraire je m'apprête à commencer ma nuit. Et je prends le temps de savourer enfin un petit déjeuner, avant. Entendre l'eau chauffer, couper la brioche, la tartiner de beurre et de nutella... J'aimerai aussi me baigner dans l'odeur du café si propre au matin, seulement voilà, je préfère le thé. Au jasmin.
En tout cas pour une fois j'ai le temps de savourer chaque petit détail. Comme je suis dans l'état bizarre dans lequel seule une nuit blanche met, j'ai l'impression de percevoir différemment les choses, un peu comme si les sons, les couleurs, toute l'atmosphere m'apparaissait légèrement déformée et amplifiée, que tout avait un éclat, un écho différent... j'ai l'impression de flotter, et que le moindre bruit, comme celui de mes chaussures sur le carrelage, ou de cette tasse que je pose, résonne pendant longtemps autour de moi...
C'est agréable, après avoir erré des heures dehors, ballotée par le vent, d'être au chaud et au calme. Ce calme qui précède le réveil imminent des autres personnes. Cette ambiance veloutée, comme plongée dans du coton ouatée... Dehors, la pluie commence à tomber pour chasser le silence, dans la nuit qui n'est plus là pour très longtemps.
La soirée a bien commencé hier. Assez étrangement en fait. J'ai rejoint des amies à la gare de RER où nous avons été témoins d'un spectacle un peu surréaliste : les guichetiers de la Ratp pris d'une folie exaltante, en train de péter complètement les plombs ! J'ai commencé par en voir un sautiller sur place. Et puis là ils se sont tous mis à sauter, à danser, à se courir après. On les voit faire pleins d'aller et retours en faisant des grands gestes, l'un une radio sous le bras, l'autre une chaise à la main... Puis ils se mettent à lancer des chaises... Leur étrange petit spectacle nous fait tellement rire que nous manquons de rater notre train.
La soirée se continue par une promenade dans Montmartre, et quelques discussions devant la vue panoramique de Paris que l'on a de la butte, mélangées à tous les touristes. Plus tard dans la nuit, je me retrouve avec une amie dans une soirée tzigane organisée dans une petite salle de concert. La musique passée au début n'est pas des mieux (allez savoir pourquoi tous les meilleures morceaux sont toujours à la fin des soirées et pas tout le long), alors on s'amuse à observer les gens, il faut dire qu'on a un panel assez large car la salle est assez petite mais bondée. C'est drôle, on peut toujours observer quelques figures atypiques. Ce soir, on repère un garçon étrange qui erre dans la boîte et que l'on surnomme vite "l'âme en perdition". C'est un type qui a l'air assez bizzare, completement décalé avec l'ambiance festive du lieu en fait. Il est seul, porte un bonnet sur ses cheveux mi longs et a un sac à dos dont il tient toujours les anses, il a l'air sombre, blasé ou désabusé je ne sais pas et il déambule, où que l'on aille on n'arrete pas de le voir aller et venir avec sa démarche nonchalante, s'adosser au mur quelques secondes, puis retraverser la salle... il a l'air de chercher quelqu'un.
Il y a aussi cette fille complètement désinhibée à la robe moulante et au décolleté plongeant qui monte sur la scène et prend toutes sortes de postures lassives, se mettant à quatre pattes, renversant sa tête en arrière, faisant la chandelle... Deux extrêmes.
On monte ensuite à l'étage pour surplomber toute la salle accoudées à la ballustrade. Cela nous fait penser à une scène de Mulholland drive. On s'imagine un instant être cette femme au cheveux bleus qui clame "Silencio !" à la fin du film, et que là toutes les lumières s'éteignent, que la musique stoppe et que tout d'un coup il n'y ait plus personne....
C'est assez étrange comme spectacle d'en haut de voir tous ces gens danser, sauter en rythme, tournoiller, s'embrasser... avec du recul ça parait même completement absurde. On s'amuse à imaginer qu'ils sont tous complètement fous, et c'est à la fois amusant et effrayant. On se sent soudain décalées, étrangères à toute cette agitation, tout nous paraît sans queue ni tête...
Pourtant plus tard moi aussi je suis descendue, j'ai dansé, j'ai sauté, j'ai tournoillé, j'ai embrassé... je me suis laissée emportée par le tourbillon de cette musique festive, pleine de fanfare et d'energie, cette musique assourdissante et jubilatoire...
Une fois sorties, on déambule dans les vastes boulevards de la nuit parisienne, à la recherche d'un noctilien qui pourrait nous rapprocher de chez nous. J'ai mal aux pieds, je me sens sale et je pue la cigarette. Mais ça fait parti du charme de la ballade... on se retrouve à un arret, en face de cette grande gare, on a froid, on a faim. On rentre dans la gare mais bien sur rien n'est ouvert et il ne fait pas beaucoup plus chaud à l'intérieur. Mais là on voit tous ces petits groupes de personnes qui attendent avec leur valise un train qui partira bientot, au lever du jour. L'atmosphère des départs, ce que ça donne envie..! Envie de prendre un train au hasard, de se laisser porter vers une direction inconnue où tout est étranger, une ville où tout est encore à découvrir... Se laisser envahir par un sentiment de dépaysement...
Mais bien sur, je n'en ai rien fait... et maintenant me voilà chez moi, à écouter Django Reinhardt en mangeant mollement une tartine, plongée dans mes pensées et dans mon état étrange, fixant intensément un point dehors où tout est encore sombre malgré les prémices du jours qui se font sentir... je vais bientot quitter cet univers de rêves pour sombrer dans un autre...