jeudi, décembre 14, 2006

Who am I, what and why, cos all i have left is my memorie of yesterday

On est au douzième étage, et j'ai devant moi tout le panorama de la ville inondée par une lumière de fin de journée d'hivers. Les voix autour ne sont plus que brouhaha. Le nez contre la fenêtre, piégée dans cette blouse blanche, je regarde le soleil bas et l'atmosphère brumeuse et dorée qui flotte sur la ville, tout en mordillant une mèche de cheveux. J'aimerai monter sur le toit, j'aimerai m'envoller d'ici, survoler toute la ville et aller dans les nuages...
Le médecin revient, pour nous apprendre comment lire un électrocardiogramme. Je l'écoute d'une oreille en prenant des notes, et me tourne de temps en temps pour voir les couleurs qui se modifient à chaque instant, couleurs sanguines qui commencent à envahir le ciel avant de se faire chasser par la nuit, et quelques nuages rougeoyants qui trainent au dessus de Paris.
Je pense à lui, à cette nuit là, à la pluie qui battait fort sur le toit, juste au dessus de nous, au dernier étage sans assenceur.
Cette pluie, qui nous imprégnait sans nous atteindre, qui nous noyait sans nous mouiller. La voix envoûtante de Beth Gibbon. Ses ongles dans mon dos, son souffle sur mon épaule, mes doigts dans ses cheveux.
Je me reconcentre, onde P, dépolarisation auriculaire, ondes QRS, dépolarisation ventriculaire... Ondes... Comme notre coeur, la ville est parcourue à chaque seconde de milliers d'ondes invisibles qui la traverse dans tous les sens, qui nous traversent sans qu'on en ait la moindre idée. Toutes ces couleurs, la lumière, les sons, la musique... toutes des ondes, à la base de notre perception du monde. Ondes qui font les pulsations de nos coeurs, de nos pensées... Pas de la matière, pas des particules non, mais de l'énergie qui circule.
Juste une perturbation qui se propage, sans fin.

Irène Jacob dans la Double vie de Véronique


Roads, Portishead (musique et paroles magnifiques)

Titre extrait de la chanson Sour times de Portishead

6 Comments:

Anonymous Anonyme said...

J'aime cette partie de ton texte où tu parles d'onde. L'une de tes meilleurs notes.

9:57 AM  
Anonymous Anonyme said...

La double vie de Véronique c'est le double de bonheur, en musique.

12:37 AM  
Blogger Broutille said...

Marcel : merci beaucoup...
Laportesansporte : oui, même si la musique que j'ai mise là n'a rien à voir avec celle du film ! (qui est superbe)

2:11 PM  
Anonymous Anonyme said...

Moi aussi, c'est l'une de mes notes préférées, et une musique que j'aime beaucoup également. D'ailleurs l'ensemble (image musique mots) forme une très belle musique : mélancolique, lumineuse, douce et électrique à la fois...

2:17 PM  
Blogger Broutille said...

:-) merci (comment fais tu pour faire des commentaires aussi justes?)
Je me doutais que tu aimais cette musique.

10:54 PM  
Anonymous Anonyme said...

Le sort s'acharne:mon ordi m'affiche un file error quand je veux écouter roads! à part çà beau texte,surtout le dernier passage à propos des ondes

10:10 PM  

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