dimanche, décembre 10, 2006

A week ago

Le réveil sonne, ou plutôt une musique ridicule et insupportable s'échappe de mon portable, m'indiquant qu'il est maintenant l'heure d'aller affronter le monde extérieur. Je suis prise quelques secondes par la sérieuse envie de l'éteindre, le balancer au bout de la pièce et me retourner sous ma couette bienveillante. Chaque matin, c'est ce que je me dis "non finalement j'ai décidé que je ne me lèverai pas, je ne me lèverai plus jamais, je suis mieux ici..."
Mais bon, je me lève. Cette nuit, record, j'ai réussi à m'endormir avant 3h du matin, après avoir passé les deux dernière nuits à ne pas pouvoir fermer l'oeil, condamnée à me retrouver dépouillée, face à moi-même pendant de longues heures. Je descend péniblement les escaliers, la mine plûtot renfrognée. En bas, je tombe nez à nez avec un ouvrier en train de repeindre le mur de la cuisine. Mince j'avais complètement oublié... je marmonne un bonjour géné, heureusement le gaillard n'a pas l'air très bavard, et je m'enfuie, en pyjama et légèrement honteuse, dans la salle de bain.
L'eau brûlante de la douche coule dans mon dos. Des gouttes s'écoulent le long de la vitre trouble et une vapeur vient brouiller mes pensées confuses. Le jet de la douche dessine des barreaux sur mon corps et j'ai envie de rester abandonnée dans cette prison.
Zut, ma mère est là à la sortie, et comme chaque matin elle part dans un babillage incessant, comme si elle n'avait pas compris au fil de ces années qu'il est impossible d'avoir une conversation avec moi le matin, que je ne réclame qu'un peu de silence pour rester enfermée dans ma bulle imaginaire...
Dans la cuisine c'est le chantier, impossible de se faire un petit déjeuner et puis surtout pas le temps, je réchauffe à la va-vite un fond de thé qui doit être dans la théière depuis trois jours.
Je sors, le temps qui grisonnait hier est radieux, ciel bleu et soleil éclatant, et je n'ai même pas un peu de musique à me mettre dans les oreilles pour apprécier ce
bout de soleil... tant pis, je chantonne quand même Funny little frog de Belle&Sebastian et pense à Ally McBeal qui n'a pas besoin d'écouteurs pour l'entendre, la musique.
Dans le métro, je lis un peu et je somnole, au bout d'une heure j'arrive dans les grands amphis de la fac. Le cours (sur le génie génétique, cours donné par un adorable papy ) est déjà commencé depuis plus d'un quart d'heure, je n'arrive presque jamais à avoir moins d'un quart d'heure de retard. Je repère dans l'amphi quelques têtes connues et m'installe discretement à proximité. A la pause je retrouve B. et R. fumant une cigarrete da
ns le hall devant le panneau "fac sans tabac". B est énervée et raconte à R. que le serveur qui lui fait du charme depuis quelques mois dans son café fétiche se comporte de la même façon avec toutes les demoiselles du café. "J'ai un copain, mais bon ça me flatte c'est de l'égo..." Son égo en a pris un petit coup... Retour en cours, puis déjeuner, mais la miss tête en l'air que je suis a perdu pour la deuxième fois de l'année un carnet de ticket Crous plein et est réduite à rassembler quelques centimes. Conversations banales, dont je n'arrive même plus à me rappeler maintenant. On sort ensuite sur les marches, je lézarde au soleil, contemple les ronds de fumée en discutant avec R qui me taquine.
Au retour nous prenons tous le métro.

A Place de Clichy, on entend des cris sur le quai d'en face puis un choc sourd. On doit tous sortir du métro. Un jeune homme vient de se jeter sous les rames. J'ai tout d'un coup les jambes qui me picotent et une étrange sensation dans la gorge. Des gens pleurent autour de moi, d'autres essaient de voir. Je m'empresse de sortir, et je prend des correspondances. J'ai l'impression d'avoir le cerveau vide pendant les douze autres stations, je fixe un point imaginaire au loin et j'ai cette phrase qui tourne en boucle "Il a sauté. Il a sauté..." Je n'arrive pas à la mettre en perspective, ni même à ressentir quelque chose. Je me sens juste vide, un sorte de néant qui m'envahit un peu plus à chaque instant. Je veux aspirer le néant de ton regard arride.
A la sortie du métro, le soleil décline et le ciel est inondé d'une lumière dorée.


Le ciel, ce soir là
Les soleils couchant
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière

6 Comments:

Anonymous Anonyme said...

C'est un ciel de deuil, le ciel ce soir là. C'est toujours ainsi chez vous?

12:20 PM  
Blogger Broutille said...

Si le ciel est toujours comme ça, ou si des gens se jettent souvent dans le métro ? J'aimerai penser le contraire, mais je pense que le second évènement est plus fréquent que le premier...

9:38 PM  
Anonymous Anonyme said...

Je trouve que tu écris de mieux en mieux, sincèrement.
En ce qui concerne le réveil, acheter un mini radio-réveil-lecteur CD-K7 a métamorphosé mes matinées. Je me suis longtemps réveillée au son du portable, maintenant je choisis la veille le disque qui me servira de réveil. Tu devrais mettre ça sur ta liste de Noël :)
J'ai déjà été bloquée dans mes trajets à cause de quelqu'un qui s'était jeté sur la voie, mais c'était bien après et loin de l'accident, pourtant déjà j'avais ce sentiment désagréable que tu décris tellement bien...

11:38 PM  
Anonymous Anonyme said...

Dis... c'est histoire de me prouver que tu peux, toi aussi, assister à des évènements bien déprimants?
Du coup avec mon rat et mon pigeon je suis un peu minable...

Bon, bon, bon...

12:19 AM  
Anonymous Anonyme said...

Je me retrouve dans ton univers. Agréable de te lire. Vraiment!

1:28 AM  
Blogger Broutille said...

Junko : merci, ça me fait vraiment plaisir que tu me dises ça parce que justement je pensais que les notes que j'écrivais au tout début de ce blog étaient bien meilleures que les actuelles... Très bonne idée pour le réveil, j'espère juste que je n'en viendrai pas à en vouloir à la musique que j'aime de me réveiller et à développer une certaine rancoeur...!

L'Anonyme : j'y ai pensé, mais non, ce n'était pas pour le prouver... en tout cas c'est un bon contre exemple du regard magique (le rat tenant un pigeon mort dans sa gueule reste quand même très traumatisant...!)

Analixx : merci et bienvenue dans mon "univers" :-)

10:05 PM  

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